« As-tu reconsidéré la question ? »
Wyman fronça les sourcils et se tourna vers Mariah. Cette dernière était nonchalamment appuyée contre la chambranle de la porte de son étude. Elle le regardait d’une manière un brin…provocante. Ils avaient eu leur première querelle quelques heures plus tôt, et Wyman s’était exilé au milieu de ses parchemins de tactique pour se donner le temps de la réflexion. Il semblait que la clepsydre était finalement vide.
« Oui-da, j’avons…j’voulons dire, j’ai… » Un soupir s’échappa de ses lèvres. Cela faisait deux semaines désormais qu’il s’entraînait au « bien parlé », et même s’il faisait déjà quelques progrès, son accent finissait toujours par revenir au triple galop. Surtout quand il était agité et nerveux. « J’avons reconsidéré la question. Et peut-être que t’as raison. Peut-être que j’avons des choses à offrir à Port-Réal. Autre que mon sang, s’entend. Mais j’sommes – suis – pas sûr que l’chancelier, il pensera pareil.
« Le chancelier s’est fait tiré dessus par un de ses estimés collègues, » lui rappela sa compagne sur un ton patient. « Lequel collègue s’est volatilisé dans la nature. Aux dernières nouvelles, tu n’as jamais rien tenté de la sorte. Et tu as si bien aidé la Couronne à traquer les Feunoyr. Peut-être qu’il est temps qu’ils se montrent un peu reconnaissants. »
« Peut-être… »
Wyman alla farfouiller dans son bureau et en tira un morceau du « bon parchemin », celui qu’il gardait pour les grandes occasions. Il réfléchissait déjà à la manière dont il allait tourner la chose : ce n’était pas certes tous les jours qu’il présentait sa candidature au poste de conseiller politique…
Au Chancelier, Ser Patreck le Grand, Banneret d’Eoval,
Ser,
Depuis mon arrivée à Port-Réal, j’ai fait fort de toujours servir mon Roi et les Sept Couronnes. Avec les Feunoyrs à nos portes, il est primordial plus que jamais de rechercher et mettre hors d’état de nuire les ennemis de la Couronne. Et un individu doit mener la charge et montrer aux Feunoyr et autres sympathisants qu’ils ne sont pas les bienvenus dans cette ville.
De fait, s’il vous grée, Ser, je souhaiterai être cet homme, et pouvoir servir mon Roi en dehors des champs de bataille. Encore qu’entre la politique et la guerre, la différence est bien maigre.
J’espère que vous considérerez ma candidature avec bienveillance, Ser.
Je suis et reste votre serviteur,
Ser Wyman d’Albepeyre.
Tout cela sonnait plutôt bien. Maintenant, il restait à rédiger…
[HRP: WYM postule au poste de Conseiller Politique]
Merela, le il y a 5 années et 6 mois.
Merela
