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Villevieille, entre saga et histoire

Villevieille, entre saga et histoire

Petit point avant de commencer : cette chronique se réfère à des évènements tirés de la saison 7 de GoT, et de l’ensemble des livres du Trône de Fer parus jusqu’à présent. Si vous êtes à jour, ou si vous ne craignez pas les spoilers, bonne lecture à vous !

Villevieille, dans la série, c’est probablement fini (sauf dans le générique où elle a réussi à se glisser en douce malgré son absence des deux derniers épisodes). Nous quittons la ville avec Sam qui, dégoûté du scepticisme aveugle des archimestres de la Citadelle, emporte femme, enfant et livres anciens vers le nord. Profitons-en pour revenir sur cette ville.

Villevieille (Oldtown en VO), est une vaste, puissante, et riche cité du sud de Westeros. Elle est connue comme étant un port de commerce majeur, la demeure des Hightower, l’ancien siège de la Foi des Sept et du Grand Septon, mais surtout le lieu de formation des mestres.

Lecteurs et spectateurs en ont déjà entendu parler par le biais des mestres, mais, dans la saga comme dans la série, nous la voyons pour la première fois « en vrai » lorsque Sam, accompagné de Vère et de son bébé, y pose le pied (les lecteurs en ont cependant un avant-goût dans le prologue du tome 4, AFFC). Alors que le livre nous laisse sur Sam qui entre dans la Citadelle (le tome 5, ADWD, n’a aucun chapitre ayant Sam comme point de vue), la série semble avoir clos cette partie de l’histoire. Mais dans cette dernière, nous avons finalement vu très peu de la ville : la Grand-Tour à l’approche de la cité, et surtout la Citadelle et sa bibliothèque (qui abrite le fameux astrolabe la fameuse sphère armillaire (1) du générique). Les livres sont plus détaillés (même si l’intérieur de la Citadelle n’est pas encore vraiment apparu), et la Garde de nuit vous propose dans un premier temps d’en explorer l’histoire et les institutions.

La deuxième partie de la chronique sera consacrée aux inspirations et parallèles historiques de Villevieille. Ainsi, la Citadelle et la Grand-Tour, qui sont deux éléments symbolisant Villevieille et qui sont même intégrés au générique de la série, sont fortement inspirées de la bibliothèque et du phare d’Alexandrie (ça ne vous étonnera pas). De manière générale, le rayonnement culturel de Villevieille évoque la cité antique. Mais Villevieille, dans son urbanisme, tient beaucoup plus des cités médiévales comme on en trouve encore en France aujourd’hui par exemple à Avignon, Carcassonne, Strasbourg, Troyes, Provins, etc…

C’est parti pour la (longue) balade !

Villevieille, un joyau de Westeros

La cité de Villevieille se trouve donc au sud de Westeros, plus particulièrement dans la région du Bief, l’un des anciens royaumes qui composent les Sept Couronnes.

Le Bief, riche royaume du sud

Les différents territoires qui composent les Sept Couronnes. Le Bief est en vert (crédits : la Garde de Nuit)

Les différents territoires qui composent les Sept Couronnes. Le Bief est en vert (crédits : la Garde de Nuit)

Le Bief, gouverné par les Tyrell de Hautjardin, est une région du sud-ouest de Westeros, bordée par les mers du Crépuscule à l’ouest (limites occidentales du monde connu), et, du nord au sud, par les terres de l’Ouest (les Lannister de Castral Roc), le Conflans (les Tully de Vivesaigues), les terres de la Couronne (les Targaryen puis Baratheon à Port-Réal), les terres de l’Orage (les Baratheon d’Accalmie) et Dorne (les Martell de Lancehélion).

Il est l’un des plus vastes royaumes de Westeros (le deuxième en superficie, après le Nord), l’un des plus riches (seulement dépassé par les terres de l’Ouest et leurs mines d’or), mais il est surtout le plus fertile, le plus peuplé, et le plus puissant d’entre eux (Mestre Yandel disait : « En vérité, le Bief est une terre de superlatif » – Les Origines de la saga, Le Bief). Lieu de grandes foires et grenier de Westeros, le Bief est connu pour son rayonnement culturel. On lui attribue l’origine des rhapsodes et des bardes, et un amour pour les arts et le raffinement qui s’incarne à Hautjardin, considéré comme le plus beau château de Westeros. Sans oublier bien sûr que Villevieille abrite la Citadelle, centre de savoir et d’enseignement, et que la cité est l’ancien siège de la Foi (la religion des Sept).
Le Bief est réputé dans les légendes, les chansons et les traditions comme étant les terres d’origine de la chevalerie. Le fait peut surprendre, car la chevalerie (et la Foi, qui en est indissociable) fut apportée à Westeros par les Andals, venus d’Essos, et ayant débarqué dans le Val d’Arryn. Mais cela pourrait s’expliquer par le fait que les Andals ont été très peu combattus par les Jardinier, rois du Bief à cette époque, et seigneurs de Hautjardin. Ces derniers ont préféré s’en faire des alliés plutôt que des ennemis (tout au contraire du Val d’Arryn où la rencontre entre Premiers Hommes et Andals fut bien plus sanglante), ce qui a contribué à l’acceptation et à la diffusion de la Foi et de la chevalerie à Westeros.

Hautjardin, splendeur du Bief (crédits : Ted Nasmith, TWOIAF)

Hautjardin, splendeur du Bief (crédits : Ted Nasmith, TWOIAF)

Parmi les nouveaux alliés andals venus s’installer dans le Bief, on trouve un certain chevalier Alester Tyrell, fondateur de la maison du même nom. Pendant des siècles (jusqu’à la Conquête), les Tyrell furent les surintendants des rois Jardinier, et plusieurs mariages lièrent les deux familles. Puis vint Aegon le Conquérant, et les Jardinier prirent les armes contre lui. Ils périrent à la bataille du Champ de Feu, mettant un terme à leur lignée. Les Tyrell, qui se soumirent aux Targaryen, furent alors promus maison suzeraine du Bief (et à ce titre, seigneurs de Hautjardin), Grands Maréchaux du Bief, Défenseurs des Marches, et gouverneurs du Sud (il n’y a pas que Daenerys qui aime les titulatures ;)).

Ils ont encore ce statut au début de la saga. Mace Tyrell, fils d’Olenna, la Reine des Épines, et père de la reine Margaery, est le chef de la famille (et il l’est toujours à la fin du cinquième et dernier tome paru à ce jour, ADWD).
Dans la série, la famille Tyrell ayant été éradiquée, et la famille Tarly, son éphémère successeur, ayant goûté aux joies d’un barbecue, le Bief se retrouve sans seigneur pour le moment.

Pour en savoir plus sur le Bief, sa géographie et son histoire, la Garde de Nuit vous propose une petite vidéo : [La Balade de Glace et de Feu #1] Le Bief

Villevieille, puissante cité commerciale

Siège des Hightower de la Grand-Tour, Villevieille est située au sud-ouest du Bief, à l’endroit où l’Hydromel (ils sont chouettes, les noms de leurs fleuves) se déverse dans la baie du Murmure.

« Nulle histoire du Bief ne serait complète sans une présentation de Villevieille, la plus splendide et ancienne des villes de Westeros, encore aujourd’hui la plus riche, la plus vaste et la plus belle, même si Port-Réal l’a dépassée en population »
Les Origines de la saga, Villevieille

La cité, réputée comme la plus grande de Westeros (même si la capitale du royaume des Sept Couronnes est plus peuplée), s’étend sur les deux bords du fleuve, et sur les nombreuses petites îles qui se trouvent dans le lit de l’Hydromel. C’est sur l’une d’entre elles, Bataille-Isle, que se dresse la Grand-Tour.

Carte du Bief (crédits : Direwolf, la Garde de Nuit)

Carte du Bief (crédits : Direwolf, la Garde de Nuit) – Cliquez pour agrandir

De nombreux ponts de bois et de pierre (certains habités) relient les îles et les deux rives de la ville. La très grande majorité des maisons sont faites de pierres, et les rues sont toutes pavées. Des hôtels, possessions des guildes de la ville, ornent la rive ouest du fleuve. La ville en elle-même est un vrai labyrinthe, avec ses enchevêtrements de rues, passages étroits, venelles, arcades et sa ville souterraine. Elle est entourée par un puissant rempart de pierres, et protégée par son propre guet (commandée, au moment de la saga, par l’oncle de Mace Tyrell).
La ville est régulièrement envahie par des brumes nocturnes ou matinales (élément à la fois physique et symbolique, mais que nous n’avons pas le temps de développer ici).

Du fait de sa position géographique stratégique, au débouché de la Route de la Rose (qui mène à Hautjardin puis à Port-Réal), et ouverte sur la mer et le détroit Redwyne, Villevieille est une place commerciale de très grande envergure. Elle est le deuxième port du royaume (derrière Port-Réal), et des bateaux de tous horizons viennent y faire commerce : navires marchands venant des ports de Westeros, des cités libres d’Essos, des îles d’Été, d’Ibben, ou encore d’Asshaï. Du fait de la présence de marins venant du monde entier, de nombreux temples et petits sanctuaires dédiés à une multitude de dieux (dont un à R’hllor) se trouvent sur les quais.

Une histoire qui remonte à l’aube des temps

Villevieille doit son nom au fait qu’elle est réputée comme étant la plus vieille ville de Westeros. Mais ses origines demeurent obscures et légendaires.

Des origines triplement mystérieuses

La ville
Aperçu de Villevieille (crédits : Folko Streese, Fantasy Flight Games)

Aperçu de Villevieille (crédits : Folko Streese, Fantasy Flight Games)

Plusieurs légendes courent sur la fondation de Villevieille. Certaines assurent que ses contours auraient été dessinés par les Sept en personne, d’autres qu’elle aurait grandi autour de la Grand-Tour qui serait apparue spontanément (pop).
Il semblerait que le site fut occupé par les hommes dès l’Âge de l’Aube (l’âge des géants et des enfants de la forêt, avant l’Âge des Héros qui lui voit l’apogée des Premiers Hommes). Il se peut qu’il y ait eu, plus tard, un comptoir marchand de Valyria, de l’Ancienne Ghis, ou des îles d’Été, mais aucun élément ne le prouve véritablement.
Si nous ne savons pas beaucoup de choses sur la création de la ville, il est en tout cas probable qu’elle fut fondée par les Premiers Hommes, et il est certain qu’elle existait à l’Âge des Héros (donc, pour se resituer chronologiquement, bien avant l’arrivée des Andals à Westeros).

Bataille-Isle et sa forteresse noire

Le nom de cette île au centre de l’Hydromel a une origine totalement inconnue. Nul ne sait quelle bataille s’y serait déroulée, à quel moment elle aurait eu lieu, ni les protagonistes qui s’y affrontèrent. Certaines légendes prétendent que l’île était un nid de dragons, et qu’un héros, peut-être un ancêtre des Hightower, l’aurait débarrassée de ses occupants.
>Une grande forteresse carrée de pierre noire, et qui sert de premier niveau à la Grand-Tour, fut construite en des temps inconnus, et par un peuple inconnu. Elle était sur l’île des milliers d’années avant l’édification de la tour, et servit de siège aux premiers Hightower.
Le mystère est entier autour de cette puissante forteresse, aux murs épais, faits de rocs massifs, sans trace de taille ou de jointure, et dont les pierres noires ont une apparence de pierres fondues. En raison de ce système de construction, certains firent des parallèles avec les routes noires et sans aspérités qui se trouvent dans les Possessions (c’est le nom de l’empire valyrien), et ou encore avec le Mur de Volantis, et prétendent donc la forteresse d’origine valyrienne. Mais le style sobre de la construction, sans décorations qui sont pourtant coutumières des constructions valyriennes, fait douter de cette origine.
L’intérieur de la forteresse est un véritable labyrinthe, fait de passages étroits et tortueux, et c’est pourquoi d’autres attribuent la forteresse aux Labyrinthiers, un ancien peuple mystérieux provenant de Lorath, qui y a laissé d’immenses vestiges de labyrinthes sur plusieurs niveaux.
Une troisième origine a été proposée par un mestre originaire des îles de Fer. Ce dernier fait le rapprochement entre le Trône de Grès, sculpté dans une pierre noire (contrairement à la VF, la VO ne parle pas de grès –sandstone– mais de « pierre de la mer », Seastone Chair), et la forteresse de Villevieille. Il attribue au même peuple leur édification : les Profonds, race semi-humaine qui se rapprocherait des tritons (ce qui est clairement une référence à l’œuvre de Lovecraft).

Trône de Grès à Pyke (crédits : Marc Simonetti, Fantasy Flight Games)

Trône de Grès à Pyke (crédits : Marc Simonetti, Fantasy Flight Games)

Il est intéressant de noter la présence de pierre noire à Villevieille, matériau étrange, à l’origine inconnue, et qui va jusqu’à intriguer les mestres. On retrouve des pierres noires à travers l’ensemble du monde connu.
Certaines sont décrites comme « huileuses » (oily en VO): c’est le cas du Trône de Grès à Pyke, et des ruines de la cité de Yeen à Sothoryos (mais si, le continent dont vous n’avez jamais entendus parler, mais qui pourtant est bien là, au sud) ; d’autres comme « graisseuses » (greasy en VO) : des statues sur une des îles du Basilic, et des édifices d’Asshaï (où l’on prétend que la pierre noire boit la lumière).
D’autres sont des constructions en pierre noire fondue spécifiquement valyriennes : le Mur Noir de Volantis et les routes valyriennes en sont les exemples (on en trouve aussi à Tyrosh et à Naath, l’île de Missandei, où les Valyriens ont été). L’origine de cette pierre n’est donc pas inconnue, mais son procédé de fabrication l’est en revanche (les Valyriens ont certainement utilisé le feudragon pour les bâtir, mais on ne sait pas plus).
D’autres édifices, enfin, semblent également faits de pierres noires fondues, mais sont bien plus anciens que les Valyriens, et ont une origine qui se perd dans les profondeurs de l’histoire. C’est le cas de la forteresse de Villevieille, mais aussi de la ceinture de cinq forteresses qui protège les marches nord-est de Yi-Ti (il est grand ce monde, hein ?)

Les Hightower

Les Hightower ont des origines inconnues (leitmotiv made in Villevieille). Étaient-ils des Premiers Hommes ? Ou bien issus d’un peuple qui les aurait précédé ? des négociants venus d’ailleurs ? Toujours est-il qu’ils auraient pris un jour possession de Bataille-Isle pour s’y installer, et y demeurent depuis lors.

De la royauté à la vassalité

Blason de la maison Hightower (Evrach, La Garde de Nuit, CC BY-SA 3.0)

Blason de la maison Hightower (Evrach, La Garde de Nuit, CC BY-SA 3.0)

Les Hightower ont été des rois pendant l’Âge des Héros avant d’être les vassaux de Hautjardin. Ils portaient alors le titre de roi de la Grand-Tour. Sous leur règne, la ville s’étend, le commerce se développe, et la ville se dote de l’imposant rempart de pierres pour se protéger des pirates fer-nés et des pillards dorniens.
Villevieille est le dernier royaume local à entrer dans le royaume du Bief gouverné par les Jardinier, par le biais d’un mariage croisé entre les deux lignées : Garland II Jardinier épouse la fille de Lymond Hightower, qui lui-même épouse la fille de Garland. Les Hightower deviennent donc des bannerets de Hautjardin. Le dernier roi de Villevieille profite de la nouvelle protection assurée par son suzerain pour se tourner vers l’exploration maritime. On le nomme pour cela le Lion de Mer, et sa statue surplombe toujours le port de Villevieille.

Couronnement d'Aegon le Conquérant, dans le Septuaire Étoilé de Villevieille (crédits : Michael Kormack, TWOIAF)

Couronnement d’Aegon le Conquérant, dans le Septuaire Étoilé de Villevieille (crédits : Michael Kormack, TWOIAF)

Les Andals arrivent bien après. Les Hightower suivent le modèle de leur suzerain, et choisissent l’alliance avec les nouveaux arrivants. Ils adoptent la religion des Sept, et un premier septuaire est construit par lord Damon Hightower le Dévot, qui fut le premier de sa lignée à se convertir à la Foi. Son fils fit édifier le Septuaire Étoilé en l’honneur de son tuteur, septon Robeson, qui fut le premier Grand Septon. Ce septuaire devint alors le siège du Grand Septon, et le centre de la Foi à Westeros, ne perdant son statut qu’avec la Conquête d’Aegon, puis la construction du Grand Septuaire de Baelor (vous savez, celui qui a fait boum dans la série).

Justement, faisons un nouveau (gros) bond dans le temps : nous voici au moment de la Conquête d’Aegon. Les Jardinier sont tombés, Aegon envahit le Bief avec son armée. Le Grand Septon de l’époque conseille à lord Manfred Hightower d’ouvrir ses portes sans résistance et d’accueillir le Conquérant. Le seigneur de Villevieille suit son conseil et se soumet à Aegon, qui est même couronné roi de Westeros par le Grand Septon en personne, dans le Septuaire Étoilé. La cité ne souffre pas de la conquête, et conserve sa puissance, sa richesse et son rayonnement.
Elle est depuis vassale des Tyrell.

La Grand-Tour, siège des Hightower

Une prestigieuse maison

La maison des Hightower est menée, au début de la saga, par lord Leyton Hightower, seigneur de la Grand-Tour, protecteur de la Citadelle. Nous l’avons déjà vu, c’est une des maisons les plus anciennes, les plus prestigieuses et les plus puissantes de Westeros. Ser Jorah, tombé éperdument amoureux de Lynce Hightower, dernière fille de lord Leyton, en était conscient.

[Daenerys] « Dites-moi donc le nom de votre propre spectre, Jorah. Vous savez tout des miens, vous. »
Son visage se pétrifia. « Elle se nommait Lynce.
– Votre femme ?
– Ma seconde femme […] D’une naissance très supérieure à la mienne, elle était la dernière fille de lord Leyton Hightower de Villevieille. La petite-nièce du Taureau Blanc qui commandait la Garde de votre père. Bref, issue d’une maison fort ancienne, fort riche et des plus hautaines. »

(ACOK, chapitre 13, Daenerys I)

De grands personnages de l’histoire de Westeros appartenaient à la lignée Hightower. Elle a ainsi donné deux reines (dont Alicent Hightower, deuxième épouse de Viserys Ier, et impliquée dans la Danse des Dragons), une Main du Roi, un lord Commandant de la Garde de Nuit, et, plus récemment, un lord Commandant de la Garde Royale : Gerold Hightower, surnommé le Taureau Blanc, successeur de Duncan le Grand dans ces fonctions, et qui mit en personne le manteau blanc sur les épaules de Barristan Selmy et de Jaime Lannister. Il fut tué à la Tour de la Joie, dans le combat qui opposa Eddard Stark et six de ses compagnons à trois Gardes Royaux qui défendaient, sur ordre de Rhaegar, la tour où se trouvait Lyanna Stark. Plusieurs années après sa mort, son nom est encore très prestigieux à Westeros.
À noter également que l’épouse de Mace Tyrell est une fille de lord Leyton : c’est donc une Hightower qui est la mère de Willos (héritier de Hautjardin), Garlan, Loras (membre de la Garde Royale), et Margaery (reine de Joffrey puis de Tommen)

Elle est enfin une des rares familles à encore posséder une épée en acier valyrien (voir au sujet de ces épées notre chronique précédente L’acier valyrien : légendes et connaissances) : Vigilance.

Arbre généalogique des Hightower (crédits : la Garde de Nuit)

Arbre généalogique des Hightower (crédits : Direwolf, la Garde de Nuit) – Cliquez pour agrandir

La plus haute tour de Westeros

Grand-Tour de Villevieille, avec la forteresse noire comme premier étage, et ses six autres niveaux à sept faces (crédits : Ted Nasmith, TWOIAF)

Grand-Tour de Villevieille, avec la forteresse noire comme premier étage, et ses six autres niveaux à sept faces (crédits : Ted Nasmith,
TWOIAF)

Le siège de la maison, c’est la Grand-Tour, réputée pour être la plus haute de Westeros (et même du monde, mais on en doutera très fortement). Édifiée sur Bataille-Isle, il s’agit d’une imposante tour blanche à degrés, construite sur sept niveaux au total (le premier niveau est la forteresse carrée noire, les six autres sont des étages de pierres blanches à sept faces), et qui est surplombée par une couronne de flammes. C’est un phare qui sert à guider les marins et à lutter contre le brouillard qui envahit régulièrement la ville. Elle sert aussi de cadran solaire géant aux habitants.

La Grand-Tour serait plus haute que le Mur lui-même (qui fait pourtant 700 pieds de haut, soit à peu près 213 m). Une légende dit même que depuis son sommet, le Mur, à l’autre bout de Westeros, serait visible. Au-delà de l’aspect fabuleux de ce conte, il est intéressant de constater que le Mur et la Grand-Tour sont symboliquement liés et opposés. Tous deux encadrent Westeros, l’espace au-delà d’eux est inconnu (Mers du Crépuscule et Contrées de l’Éternel Hiver en sont les limites). L’un représente le feu, l’autre la glace. Il est même dit dans certaines légendes que le créateur du Mur, Brandon le Bâtisseur, fut également le concepteur de la première tour en pierre.

Historiquement, les premières tours successives furent construites en bois (avec un fanal à leur sommet), et il faut attendre la cinquième construction pour que la première tour en pierre (celle pour laquelle Brandon le Bâtisseur serait intervenu), d’une hauteur de 200 pieds (environ 60 m), soit érigée, sur ordre du roi Uthor de la Grand-Tour. La tour est progressivement relevée au fil du temps par les différents souverains et seigneurs de Villevieille, jusqu’à atteindre sa hauteur actuelle.

La Citadelle, lieu de savoir et d’enseignement

La Citadelle, qui se situe au sein de la ville, désigne aussi bien les bâtiments que l’ordre des mestres. Plus grand centre de savoir de Westeros (certains diraient du monde, mais doutons-en), c’est également le lieu de formation des mestres.

Une histoire de légende

Reprenons le petit leitmotiv de Villevieille : la naissance de la Citadelle est légendaire (tiens donc). Sa fondation serait attribuée à un fils du roi Uthor de la Grand-Tour (celui qui a fait bâtir la première tour en pierre, il y aurait peu ou prou 8000 ans), le prince Peremore le Tors. Handicapé, ce dernier avait une soif de connaissances et une curiosité telles qu’il réunit autour de lui sages, enseignants, guérisseurs, prêtres, chanteurs, alchimistes, sorciers du monde entier. À sa mort, son frère, le roi Urrigon Hightower, décida de léguer une terre sur les bords de l’Hydromel pour que les hommes rassemblés par lui poursuivent leurs recherches et diffusent leur savoir. La Citadelle est depuis sous la protection des seigneurs de Villevieille.

Le complexe architectural

La Citadelle est en fait un ensemble de divers bâtiments, de tours et de dômes qui s’agencent sur les deux rives de l’Hydromel et sur plusieurs îles, reliées entre elles par de nombreux ponts. Une enceinte englobe le complexe. Toutes les parties ne sont pas (encore) connues par le lecteur, mais nous avons déjà quelques aperçus qui présagent des choses forts sympathiques. Trois exemples :

Les Sphinx, gardiens de la Citadelle (crédits : Juan Carlos Barquet, Fantasy Flight Games)

Les Sphinx, gardiens de la Citadelle (crédits : Juan Carlos Barquet, Fantasy Flight Games)

La grande porte : immense entrée de l’enceinte, elle est gardée par deux sphinx géants de pierre verte, au visage humain, corps de lion, et ailes de faucon. L’un est mâle, l’autre femelle. Ils sont les gardiens protecteurs de la Citadelle, maîtres du savoir et des énigmes. Ils symbolisent la Citadelle à la fois dans sa science et dans ses secrets.

La corbinière : forteresse qui se situe sur l’île des corbeaux, et qui sert de roukerie pour les corbeaux messagers, il s’agit du plus vieux bâtiment de la Citadelle puisqu’il remonte à l’Âge des Héros, et aurait été la place forte d’un seigneur pirate. Un barral pousse dans sa cour, élément important quand on connait les facultés des vervoyants à voir par les yeux des barrals, et que ces arbres sont bien rares dans le Sud (voir à ce sujet notre chronique L’Histoire de la corneille à trois yeux).

La bibliothèque : elle regroupe de très vieux et très rares manuscrits. La Citadelle possèderait ainsi l’unique exemplaire (fragmentaire) de Feu et Sang (Fire and Blood en VO), ouvrage de l’archimestre Gyldayn décrivant en détail le règne des Targaryen à Westeros. Nous avons, au travers des nouvelles publiées par GRRM, quelques extraits abrégés de cet ouvrage (ce sont les nouvelles : TPATQ, TRP, TSD). La parution du premier tome de ce livre a été annoncée pour les prochaines années (hiiiiiii).

Lieu de formation des mestres

Les mestres à Westeros

Les mestres sont les érudits de Westeros. Ils sont parfois appelés les « chevaliers de l’esprit » (terme intéressant, car il y a en effet plusieurs parallèles entre mestres et chevaliers). Les mestres sont caractérisés par leur robe grise truffée de poches dissimulées, et leur chaîne faite de divers métaux qui leur enserre le cou.

Les mestres ont un rôle crucial et essentiel dans la société et auprès des grandes familles. En effet, à l’exception de la majorité des maisons des îles de Fer et de quelqu’autres familles (comme les Reed), la plupart des familles nobles de Westeros ont un mestre à leur service (les plus petites familles n’en ont pas). Ce sont eux qui s’occupent des corbeaux messagers, transmettent les messages, aident à l’écriture des lettres, à la tenue des fiefs. Très souvent conseillers, ils sont proches de leur seigneur, connaissent leurs secrets, leurs intentions, leur caractère. Ils sont les enseignants des enfants nobles des châteaux. Ils soignent les blessures et maladies. Ils sont régulièrement choisis pour gouverner les domaines en cas d’absence du seigneur. Ce sont donc des personnages tout à fait cruciaux, mais dont certains se méfient, voire méprisent.

Les mestres ne lui inspiraient pas de tendresse excessive. Leurs corbeaux étaient des créatures du dieu des Tornades, et il n’accordait aucune confiance à leurs talents de guérisseurs, plus depuis l’histoire d’Urri. Pas un homme digne de ce nom ne choisirait une existence de servitude ni ne forgerait de ces chaînes d’esclave pour s’en étrangler le gosier.

(AFFC, chapitre 2, Le Prophète)

Ils sont tous, sans exception, formés à la Citadelle. Si son accès n’est accordé qu’aux hommes, leur extraction n’est en revanche pas un critère : petites gens, bâtards, fils issus d’une grande famille, tous y ont accès. Les derniers fils de grandes maisons y ont souvent été envoyés (comme mestre Aemon par exemple, 3ème fils d’un 4ème fils de roi). Les mestres, au moment de prononcer leurs vœux, perdent leur nom de famille et toute allégeance ancienne. Ils ne peuvent prendre femme, engendrer ou tenir terre (en leur nom du moins). Leur seule et unique allégeance va au royaume et au château auquel ils sont affectés, quel que soit le détenteur de ce château, comme nous le rappelle mestre Luwin au moment où Winterfell passe sous le contrôle de Theon Greyjoy.

Le petit homme gris demeura impavide. « Mon ordre sert. — Certes, mais qui ? — Le royaume, dit mestre Luwin, et Winterfell. Jadis, Theon, je vous ai enseigné à lire, écrire, compter, l’histoire et le métier militaire. Et je vous aurais enseigné bien davantage si vous aviez manifesté la moindre envie d’apprendre. Je n’irai pas jusqu’à prétendre que je vous aime de tout mon cœur, mais je ne saurais non plus vous haïr. Et vous haïrais-je que, tant que vous tenez Winterfell, mes vœux m’obligent en conscience à vous conseiller. Aussi vous conseillé-je à présent de vous rendre. »

(ACOK, chapitre 67, Theon VI)

Bien sûr, tout cela marche en théorie, et d’autres exemples nous montrent que certains mestres n’hésitent pas à prendre parti, comme le Grand Mestre Pycelle, soutien indéfectible des Lannister (enfin, surtout de lord Tywin et de sa fille).

L’apprentissage pour devenir mestre

Pour devenir mestre, le parcours est long et l’apprentissage passe par plusieurs étapes :

Les petits nouveaux sont appelés les novices. Ce sont ceux qui viennent de faire leur entrée à la Citadelle, ou qui étudient depuis un temps plus ou moins long, mais qui n’ont pas encore forgé de maillon de leur chaîne. Les disciplines enseignées sont assez nombreuses, comme par exemple l’art des corbeaux, les mathématiques et l’art des chiffres, l’histoire, la médecine, la botanique, l’architecture, l’astronomie, l’art de mesurer le temps, ou encore les langues anciennes, et même la magie.

Chaîne de mestre de la Citadelle, composée de maillons de différents métaux (crédits : Tim Durning, Fantasy Flight Games)

Chaîne de mestre de la Citadelle, composée de maillons de différents métaux (crédits : Tim Durning, Fantasy Flight Games)

La maîtrise d’une de ces disciplines est symbolisée par un maillon en métal. Le novice devient ainsi acolyte dès qu’il a forgé son premier maillon (attestant ainsi de la maîtrise de la matière enseignée).
Un métal différent est attribué à chaque discipline. Il est dit qu’il existe autant de maillons que de métaux ou d’alliages connus de l’homme. On peut ainsi citer le fer noir (pour les corbeaux), l’or (pour les mathématiques), l’argent (pour l’art de guérir), l’acier valyrien (pour les mystères supérieurs, c’est-à-dire la magie), le fer (pour l’art de la guerre), le cuivre jaune (pour l’histoire), le bronze (pour l’astronomie), l’acier pale (pour l’artisanat du métal), le cuivre rouge, le plomb, l’étain gris, l’or rouge, l’étain blanc, la platine, l’électrum, le laiton, l’acier.

L’acolyte forge progressivement sa chaîne, maillon après maillon. La chaîne symbolise alors l’unité du savoir et la complémentarité des disciplines. Dès qu’il y a suffisamment de maillons pour former une chaîne autour du cou, l’acolyte peut passer mestre. Cependant, il n’est pas nécessaire d’avoir l’ensemble des maillons existants (on peut penser à l’acier valyrien, qui n’est obtenu que par un mestre sur cent, selon mestre Luwin), et il est apparemment possible de forger plusieurs maillons dans le même métal (ce qui montre l’expertise du mestre en la matière).

[question] Can a maester’s chain include multiple links of the same metal?
[Réponse de GRRM] Multiple links are possible, and signify that the maester is especially accomplished in that area.

SSM, 16 avril 2008

Pour passer mestre, l’acolyte doit faire une nuit de veille (comme les chevaliers). Il est mis dans une pièce plongée dans l’obscurité totale, mais avec une chandelle de verre (sur ces objets mystérieux, voir notre chronique Du bon usage du verredragon) qu’il doit tenter d’allumer. Cela doit lui apprendre l’humilité. Il doit ensuite prêter serment de servir le royaume et leur seigneur, de ne pas dévoiler le contenu des lettres, de conseiller au meilleur leur maître, etc… C’est à ce moment-là qu’il renonce à son nom de famille (s’il en a un). La chaîne, qu’il ne quittera théoriquement plus jamais, symbolise alors ses vœux de servir.

La hiérarchie au sein de la Citadelle

La Citadelle est dirigée par les archimestres. Ce sont des mestres qui sont devenus des experts et des références dans une discipline particulière. En plus de leur chaîne, ils possèdent un anneau, un sceptre et un masque dans le métal correspondant à leur matière de prédilection. On connait une vingtaine d’archimestres.

Corbeau blanc approchant Peyredragon (Crédits : Sandara Tang, Fantasy Flight Games)

Corbeau blanc approchant Peyredragon (Crédits : Sandara Tang, Fantasy Flight Games)

Les archimestres se réunissent en Conclave (secret). Celui qui le préside est le Sénéchal, un des archimestres tiré au sort ; il gère également les tâches administratives. Le Conclave élit le Grand Mestre, qui est envoyé à Port-Réal auprès du roi. C’est lui qui décide de retirer la chaîne d’un mestre qui aurait fauté (comme Qyburn). Enfin, c’est le Conclave qui, après avoir réuni toutes les informations climatiques et astronomiques de l’ensemble du royaume, acte les changements de saison en envoyant un corbeau blanc, animal tout à fait atypique, plus grand et plus intelligent que son camarade noir, et qui est exclusivement utilisé par la Citadelle.

Des mestres pas si neutres que cela

La Citadelle n’est pas étrangère à la magie ou à ce qu’ils appellent les mystères supérieurs. Un archimestre existe d’ailleurs pour cette discipline. Il s’agit à l’époque de la saga de Marwyn, surnommé le Mage, personnage sur lequel on se pose énormément de questions, qui aura certainement un impact dans la suite des livres, et qui en a déjà eu un indirectement. Marwyn fut en effet le maître de Mirri Maz Duur (la maegi que rencontre Daenerys au tout début de son périple, qui connait les arts occultes, et qui finit sur le bûcher de Khal Drogo), et de Qyburn, le mestre sans chaîne qui a été radié de l’ordre à cause de pratiques pas super super jolies.

Il semble cependant qu’une majorité de mestres regarde dubitativement la magie, et préfère l’étudier d’un point de vue historique (elle a existé, mais maintenant, c’est fini. C’est la position de mestre Luwin).

Pour la suite de cette partie, nous mettons un copyright DNDM, notre mestre en crackpot pas si crackpot théories, et on a hâte de retrouver le forum pour en apprendre plus sur le complot des mestres.

Il existe probablement plusieurs courants de pensées au sein de la Citadelle, mais un aurait une aversion toute particulière envers les dragons (et la magie qu’ils véhiculent). Ils sont nommés les Moutons Gris (les dragons étant particulièrement friands de moutons, on peut supposer que ce nom était une moquerie à l’origine, avant de devenir semble-t-il le terme usuel). L’archimestre Marwyn leur impute la mise à l’écart de mestre Aemon, en raison de son sang Targaryen (qui porte la marque de la magie de l’antique Valyria), et probablement de sa passion pour les prophéties. Les Moutons Gris semblent donc avoir une influence conséquente au sein de l’institution.
Certaines hypothèses évoquent un rôle plus important de ces mestres qu’il n’y parait au premier abord, notamment dans la disparition des dragons, créatures probablement considérées comme bien trop dangereuses à leurs yeux. Auraient-ils contribué à leur extinction et aux échecs des tentatives postérieures pour les faire renaître ? Une théorie leur attribue une responsabilité dans le déclenchement de la Danse des Dragons (une des guerres civiles entre Targaryen, voir notre chronique Leçon du jour : Comment tuer un dragon ?) et dans la disparition des derniers dragons peu après (ce que suggère l’archimestre Marwyn), ainsi que dans la tragédie de Lestival qui visait probablement (de ce qu’on en sait du moins) à la renaissance des dragons.
Une théorie dont on entendra surement parler avec la sortie des futurs livres.

L’arc de Villevieille dans les livres

Dans la série, Villevieille semble avoir le même background que dans la saga, même s’il est peu développé. Mais les arcs narratifs qui la concernent sont bien différents.

Aperçu de Villevieille dans la série (crédits : HBO)

Aperçu de Villevieille dans la série (crédits : HBO)

Petit rappel de la série avant tout. Sam, après une escale fort angoissante chez papounet Randyll Tarly (du château duquel il se tire en emportant Corvenin, l’épée d’acier valyrien de la famille), entame ses études pour devenir mestre à Villevieille. Peu intéressé par le programme qu’on lui a concocté, frustré de ne pas avoir accès à la réserve interdite de Mme Pince (ah non pardon, me suis trompée de saga), et surtout en colère contre ces archimestres qui ne prennent pas au sérieux l’armée des morts (ahlala, ces scientifiques, tellement rationnels), il se tire avec la caisse les livres (ça commence à devenir inquiétant ce petit côté cleptomane de Sam).

La série, pour des raisons de temps, de moyens et de script, a raccourci, simplifié et achevé la partie Villevieille, alors que l’arc narratif vient juste de s’ouvrir dans les romans. Et elle promet d’être passionnante. Qu’en est-il donc dans les livres ?
Bien sûr, attention aux spoilers 😉 vous voilà prévenus.

Revenons donc un peu en arrière. Comme dans la série, Sam est envoyé par Jon à Villevieille pour y forger sa chaîne (et si possible récupérer des informations sur les Autres et la Longue Nuit). Jon demande aussi de nouveaux mestres car il garnit les anciens châteaux du Mur de garnisons, et a besoin de les pourvoir en corbeaux messagers.
Sam part avec Aemon (car Jon se méfie de Melisandre et de sa passion pour le sang de roi), Dareon, un chanteur entré dans la Garde de Nuit en même temps que lui, et Vère qui emporte un autre enfant que le sien. Leur périple est très laborieux. Après tempêtes, dépressions et faiblesses de mestre Aemon (102 ans au compteur), ils font escale à Braavos où Dareon déserte (et finit assassiné par Arya-Cat des canaux). Ils reprennent finalement leur route sur un bateau-cygne des îles d’Été (le même qui avait annoncé à Daenerys, alors à Qarth, la mort de Robert) qui les mène à bon port. Mais Aemon décède au cours du voyage, en faisant promettre à Sam de tout raconter aux mestres et d’envoyer de l’aide à Daenerys. Arrivé à Villevieille, Sam projette d’envoyer Vère chez son paternel en prétextant que le bébé est son bâtard. Mais il passe avant à la Citadelle pour raconter son périple et annoncer la mort de mestre Aemon. Il y rencontre Alleras, surnommé le Sphinx, acolyte, personnage intéressant puisqu’il n’est certainement pas celui qu’il prétend être (allez, on vous donne un indice : allez fouiner du côté de Dorne, et lisez notre chronique Dorne : Et dans les livres, alors ?), qui l’amène à l’archimestre Marwyn. Sam est alors introduit dans une pièce où il voit une chandelle de verre allumée (woooo :o). Il raconte toute son histoire à Marwyn, qui décide de partir sur le champ rejoindre Daenerys qui se trouve encore à Meereen. Fin du chapitre.

Mais il n’y a pas que la découverte du monde de la Citadelle qui risque d’être croustillante. Il y a un Sans Visage qui a infiltré la Citadelle, et qui, si on se réfère à la description physique, est très certainement Jaqen (il a un rôle totalement différent dans la série et dans les livres). Pourquoi est-il là ? Très bonne question, mais il y est depuis quelques mois déjà, infiltré sous une fausse identité, et possède une clé qui ouvrirait toutes les portes de la Citadelle. Assassinat ? Espionnage ? Keep reading.
Enfin, Euron Greyjoy (qui n’est pas du tout – du tout – celui de la série, et qui, dans les livres, cherche plutôt à « s’allier » avec Daenerys, voir notre chronique Euron Greyjoy : Et dans les livres, alors ?), qui a commencé ses raids sur les côtes du Bief, se dirige vers Villevieille dans le but de la piller. La ville, jusqu’à présent relativement épargnée par les guerres, est menacée.

Ce tour d’horizon sur Villevieille s’achève ici. On retiendra de la cité, parmi tant d’autres aspects, ses origines énigmatiques (qui auront peut-être une importance dans la suite de la saga), son aura de mystères, son prestige et son rayonnement culturel majeur au sein de Westeros.

Il est désormais temps de se pencher sur les parallèles historiques de Villevieille. Bien sûr, le plus évident, c’est l’Alexandrie antique, avec son phare et sa bibliothèque. Mais ce ne sont pas les deux seuls éléments qui sont repris de la cité grecque.

Alexandrie antique

De manière plus générale, Villevieille emprunte à Alexandrie le caractère légendaire de son histoire (qui ne connait pas Alexandrie ? Je veux dire, au-delà de Claude François ?), son rayonnement culturel (qui ne connait pas les lumières de son phare et sa bibliothèque qui ont inspiré tant et tant d’auteurs au cours des siècles ?), et sa réputation de puissante et riche cité antique (qui ne connait pas les sirènes du port d’Alexandrie ? Bon ok, j’arrête).

Alexandrie, Alexandra-a

Contrairement à Villevieille, Alexandrie est une création relativement « récente » et bien connue. La cité fut fondée par Alexandre le Grand en 331 av. J.-C., au cours de sa grande conquête de l’Orient. Ce n’est pas la seule Alexandrie qu’il créa (on en connait une quinzaine d’autres à travers tout l’Orient), mais c’est la première, celle qui vécut le plus longtemps, et surtout qui eut la plus grande renommée dans l’histoire.

Plan de d'Alexandrie durant la période antique, avec son plan hippodamien (crédits : Limpzen, Wikimedia Commons)

Plan de d’Alexandrie durant la période antique, avec son plan hippodamien (crédits : Limpzen, Wikimedia Commons)

Comme pour Villevieille, on trouve des légendes entourant sa création. Plutarque évoque ainsi le fait qu’Alexandre aurait été visité en rêve par Homère qui lui aurait alors indiqué l’île de Pharos comme emplacement de sa nouvelle ville (le grand poète joue un rôle fondamental dans l’imaginaire grec, et surtout dans celui d’Alexandre qui, dit-on, avait emporté dans son périple une édition de l’Iliade commentée par Aristote son tuteur). Au-delà de l’histoire fort sympathique (et très certainement construite a posteriori, pour enjoliver l’histoire d’Alexandre), le choix du site répond à des critères stratégiques. Malgré ses défauts (marécages et brigandages), une telle localisation avait d’énormes avantages, dont ceux d’une ouverture sur la mer et d’un point stratégique pour contrôler l’accès au delta du Nil, et le tout sans être touchée par les crues du fleuve.

La ville est fondée selon le plan d’une cité grecque classique, c’est-à-dire selon un plan appelé hippodamien, ce qui veut simplement dire que les rues se croisent de façon péremptoire perpendiculaire de façon à former un damier (tout le contraire de Villevieille donc).

Alexandrie devient la capitale de la dynastie des Ptolémée (qui a pris le pouvoir en Égypte après la mort d’Alexandre). Elle s’agrandit et devient l’une des plus grandes villes de son temps, ainsi qu’un port de commerce majeur. Strabon, dans son ouvrage Géographie la surnomme « le comptoir du monde ».
En 30 av. J.-C., l’Égypte est conquise et passe sous domination romaine. Plus précisément, elle est sous l’administration directe du futur empereur Auguste (et de ses successeurs) qui s’assure ainsi la mainmise sur une région stratégiquement fondamentale, car l’Égypte est le grenier à blé de Rome. Alexandrie conserve son statut de ville principale d’Égypte (elle est désormais capitale de province), ainsi que son importance stratégique et commerciale.

L’Alexandrie antique fut aussi une capitale culturelle majeure d’une grande partie du bassin méditerranéen, notamment grâce à son Museîon, institution qui joua un rôle majeur dans la compilation et la diffusion du savoir scientifique et littéraire de l’époque.

Le Musée et la Bibliothèque

Après la mort d’Alexandre, ses successeurs, qui sont ses proches généraux (on les appelle les diadoques), écartent les descendants de sang du Conquérant, et se partagent puis se disputent les territoires conquis. Ils fondent progressivement des nouvelles royautés. On appelle cette période-là la période hellénistique. Dans un contexte où les diadoques cherchent à asseoir leur pouvoir dans les nouveaux territoires qu’ils dirigent, mais aussi (et surtout) à s’imposer face à leurs rivaux, la recherche de la moindre petite miette de légitimité est fondamentale. Si la guerre est un instrument de légitimité (enfin surtout les victoires, du coup), le rayonnement culturel est également un des moyens d’accroître le prestige, d’exposer la grandeur du souverain et d’assurer sa suprématie sur ses ennemis. On voit fleurir au cours de cette période plusieurs centres de savoir et de culture. Mais le principal se trouve à Alexandrie.

Ptolémée Ier, le fondateur de la dynastie des Ptolémée (ou de la dynastie lagide ; c’est la dynastie à laquelle appartient Cléopâtre VII) entreprit, aux alentours des années 290 av. J.-C., de faire d’Alexandrie la plus grande cité culturelle du monde (qui dépasserait même les anciennes cités de Grèce. Rien que ça). Il décida alors de faire construire un Museîon, un « palais des Muses » qu’on traduit en français par « Musée » (et qui fut achevé sous le règne de son fils, Ptolémée II). Contrairement au sens donné aujourd’hui au terme, le Musée n’était pas qu’un lieu d’accumulation et de conservation du savoir, il était surtout un lieu de réunion de grands savants (qui y faisaient leurs recherches) et d’enseignement. Un peu comme la Citadelle de Villevieille (sauf qu’il n’y a pas d’« ordre » pour les savants d’Alexandrie). En tant que fondation royale, le Musée était sous la protection des souverains lagides (un peu comme la Citadelle). Le Musée était un complexe architectural (un peu comme la Citadelle) regroupant des jardins, promenades, des bâtiments divers et variés, un observatoire, et The bibliothèque, la fameuse, la toute grande, la toute belle. Les savants qui s’y réunissaient étudiaient des domaines de recherche bien variés, comme les mathématiques, l’astronomie, la médecine, la botanique, les arts, la zoologie, la science des textes (un peu comme… Bon, vous aurez compris).

Gravure représentant la bibliothèque d'Alexandrie, XIXème siècle (crédits : Wikimedia Commons)

Gravure représentant la bibliothèque d’Alexandrie, XIXème siècle (crédits : Wikimedia Commons)

La bibliothèque (on ne pouvait pas ne pas en parler, c’est la plus célèbre de l’histoire ancienne) est probablement la plus grande de l’antiquité (en termes de nombre de documents conservés). Elle avait vocation à rassembler en son sein l’ensemble du savoir universel et une copie de tous les ouvrages connus. En raison d’une politique d’envergure menée en ce sens, les ouvrages (le parchemin n’existant pas à l’époque, les livres étaient écrits sur des rouleaux de papyrus) furent achetés, saisis (pas toujours de façon réglo, on s’en doute), recopiés, traduits, et les fonds s’enrichirent rapidement. On dit ainsi que tous les navires qui faisaient escale à Alexandrie devaient prêter les rouleaux de papyrus qu’ils transportaient pour qu’ils soient copiés (de l’original ou de la copie, lequel était rendu, bonne question). On estime que la bibliothèque a pu rassembler entre 400 000 et 700 000 ouvrages à son apogée.
La destruction de la bibliothèque d’Alexandrie par le feu est un topos littéraire (mais ça fait toujours mal, une bibliothèque en feu. Sniff :’( tous ces vieux livres… Je ne me remettrai jamais du Nom de la Rose). Mais il tient davantage du mythe que de la réalité. L’image d’Épinal s’appuie sur les évènements de 47 av. J.-C.. César, alors à Alexandrie après avoir poursuivi son rival Pompée, met les doigts dans l’engrenage de la succession au trône d’Égypte, et prend le parti de Cléopâtre VII contre son frère Ptolémée XIII. Au cours des affrontements, les Romains auraient mis le feu à la flotte égyptienne, et l’incendie se serait alors propagé au-delà du port. Mais deux versions existent : l’incendie aurait soit touché une partie de la bibliothèque, détruisant de nombreux rouleaux (version qu’on trouve chez Plutarque et Suétone), soit l’incendie aurait détruit des entrepôts sur le port, où étaient stockés de nombreux rouleaux (version de Dion Cassius). Les papyrus sont perdants dans les deux cas, mais les sources montrent que la bibliothèque est restée florissante après cet évènement.

Le phare d’Alexandrie

Reconstitution du phare d'Alexandrie (crédits : Emad Victor SHENOUDA, Wikimedia Commons)

Reconstitution du phare d’Alexandrie (crédits : Emad Victor SHENOUDA, Wikimedia Commons)

Le phare est la 7ème Merveille du monde, et à ce titre est très présent dans l’imaginaire commun. Il fut construit par Ptolémée Ier et son fils (toujours les mêmes), dans le but de guider les bateaux et de faciliter la navigation à l’approche du port (bon, il devait aussi au passage en mettre plein la vue et exposer la puissance et la richesse des Ptolémée au monde entier). Comme il est le plus célèbre édifice de ce type, c’est le nom de l’île sur laquelle il est construit (l’île de Pharos) qui finit par désigner de type de bâtiment : un phare.
Debout pendant près de dix-sept siècles, il subit plusieurs tremblements de terre et raz-de-marée, mais commença à se délabrer véritablement aux XIIIème-XIVème siècles. Il disparut aux alentours du XIVème siècle, et servit de carrière de pierres pour d’autres constructions.

« Étant allé au Phare […] je constatai que son état de délabrement était tel qu’il n’était plus possible d’y entrer ni d’arriver à la porte y donnant accès. »

(Ibn Battûta, Voyages, XIVème siècle)

Grace aux découvertes archéologiques (de nombreux blocs de pierre ont été retrouvés lors de fouilles sous-marines), aux représentations iconographiques (sur des pièces de monnaies ou des mosaïques), et aux descriptions des textes, il est possible d’en donner une reconstitution relativement fiable. Le phare était une grande tour de pierre blanche (tiens donc), construit sur trois niveaux (une base carrée, une colonne octogonale, et une tour ronde au sommet de laquelle se trouvait le fanal). Le phare devait avoir une hauteur totale d’environ 135 m (ce qui est bien plus petit que la tour de Villevieille, et qui illustre ici le gout de GRRM pour le gigantisme – coucou le Mur).

Sphinx et gardiens

Dernier élément que nous aborderons, et qui tient en réalité plus à l’histoire ancienne en général qu’à Alexandrie : ce sont les sphinx. Les deux sphinx de la citadelle de Villevieille sont le mélange d’au moins deux influences.

Taureaux ailés androcéphales (lamassu), gardiens des portes (Musée du Louvre) (crédits : David Monniaux, Wikimedia Commons)

Taureaux ailés androcéphales (lamassu), gardiens des portes (Musée du Louvre) (crédits : David Monniaux, Wikimedia Commons)

La première est une influence orientale et égyptienne : c’est son rôle de gardien protecteur. Les sphinx égyptiens, chimères à corps de lion et à tête de pharaon le plus souvent (comme le Sphinx de Gizeh), sont chargés de veiller sur les nécropoles et sur les temples. Cette pratique se retrouve aussi en Mésopotamie, en particulier chez les Assyriens, qui placent d’immenses statues de taureaux ailés androcéphales (qu’on appelle des lamassu) aux portes de leurs palais. Ce sont des sortes de génies de nature divine (les paires de cornes qu’ils portent sur leur coiffe sont le signe de leur nature divine) dont le rôle est de protéger le palais et ses occupants.

Statue de sphinx grec en marbre (Attique, vers 550 av. J.-C.) (crédits : Marsyas, Wikimedia Commons)

Statue de sphinx grec en marbre (Attique, vers 550 av. J.-C.) (crédits : Marsyas, Wikimedia Commons)

La deuxième influence est bien entendu le sphinx grec (il est d’ailleurs intéressant de constater que le sphinx se retrouve très souvent dans la culture valyrienne) et son symbolisme. Monstre féminin à corps de lion et ailes d’oiseaux, le sphinx apparaît dans le mythe d’Œdipe. Il représente à la fois le secret et les énigmes (tout le monde connait la fameuse énigme du sphinx, celle avec plein de pattes ; de plus, une des étymologies possible du terme sphinx pourrait signifier « dissimulé »), mais aussi le savoir (puisqu’il connait la réponse aux énigmes), deux thématiques associées à la Citadelle de Villevieille (et à un certain acolyte qui cache son identité).

Il [mestre Aemon] lui arrivait parfois de marmonner dans son sommeil. Dès son réveil, il faisait appeler Sam, affirmant qu’il avait quelque chose à lui dire, mais le plus souvent, quand Sam arrivait, il avait oublié ce dont il comptait lui parler. Et quand bien même il s’en souvenait, ses propos étaient totalement chaotiques. […] Il disait que le sphinx était l’énigme et non pas l’énigmateur, mais allez savoir, vous, ce que cela pouvait bien signifier »

(AFFC, chapitre 36, Samwell IV)

Voilà donc quelques inspirations alexandrines (et antiques) pour Villevieille. Mais la cité se trouve à Westeros, continent clairement inscrit, dans l’imaginaire collectif, à l’histoire médiévale. Et cela se ressent aussi.

Moyen Âge et urbanisme médiéval

Le Bief et Villevieille renvoient à l’image d’un Moyen Âge « flamboyant » (par opposition au Nord par exemple), fait de beaux châteaux, de chevalerie, de joutes et de tournois, de glorieux seigneurs, d’arts musicaux et d’universités, de foires et de cidre (consommé en particulier à Villevieille) (2).

En réalité, un tel Moyen Âge n’a pas vraiment existé, du moins pas tel qu’il est décrit dans la saga : George R.R. Martin puise ses inspirations dans différentes périodes du Moyen Âge, qui est très loin d’être une période unifiée. L’importance de la chevalerie dans les Sept Couronnes peut ainsi renvoyer aux XIIème et XIIIème siècles, alors que les armures qui sont décrites dans les livres semblent davantage se rattacher au XVème siècle, voire à la Renaissance.
Cependant de nombreuses inspirations de l’auteur pour le Bief semblent provenir des XIIème -XIIIème siècles, et de la période qui suivit la « Renaissance du XIIème siècle », mouvement de profond renouveau culturel et de prospérité économique en Europe. C’est le temps du rayonnement des grandes foires de Champagne (fin XIIème), de la construction des cathédrales de style gothique (gothique classique : fin XII ème, début XIIIème), d’un renouveau de la chevalerie et de la construction de l’idéal du chevalier preux, courtois, honorable (les œuvres de Chrétien de Troyes sont datées de la 2ème moitié du XIIème siècle), d’un essor des universités (celle de Paris est reconnue par le roi Philippe Auguste au tout début du XIIIème siècle), etc…

Reconstitution du joute équestre, XVème siècle (Tournoi d'Aigues-Mortes 2015) (Crédits : Les Écuyers de l'HistoireLes Écuyers de l'Histoire, avec leur aimable autorisation)

Reconstitution du joute équestre, XVème siècle (Tournoi d’Aigues-Mortes 2015) (Crédits : Les Écuyers de l’Histoire, avec leur aimable autorisation)

Villevieille, par plusieurs aspects de son urbanisme, se raccroche ainsi à certaines périodes du Moyen Âge. L’histoire des villes en France (oui, concentrons nous sur la France) est très complexe et ne se réduit bien entendu pas à son urbanisme (l’histoire des chartes médiévales urbaines est par exemple un sujet d’étude à part entière ; ces chartes sont d’ailleurs totalement absentes de Westeros), mais c’est à travers cet aspect que nous proposons de tirer quelques parallèles (3).

Pour donner quelques traits généraux : au cours des siècles qui suivent la période antique, le développement des villes est assez chaotique. Mais on voit tout de même l’apparition progressive de bourgs autour de cités existantes (au-delà des remparts antiques), d’édifices religieux (comme un monastère), ou de châteaux et de leurs remparts (un peu comme Villevieille qui semble s’être construite autour de Bataille-Isle). Les villes connaissent un nouvel essor autour des XI-XIIème siècles. Elles ne sont cependant pas très peuplées à cette période : Paris par exemple, se hisse au rang des très grandes villes d’Europe occidentale avec, en 1328, 61 000 feux (soit autour de 100 000, voire 200 000 citadins pour les estimations les plus hautes).

Remparts de Provins (en partie restaurés) (Crédits : Wikimedia Commons)

Remparts de Provins (en partie restaurés) (Crédits : Wikimedia Commons)

Les villes médiévales se caractérisent souvent par leurs imposantes murailles de pierres, qui séparent (de façon non exclusive) l’espace urbain de l’espace rural, et qui ont une fonction à la fois symbolique et pratique (elles permettent de protéger la ville, mais aussi de lever des taxes à ses portes). Quelques-unes n’en possédaient cependant pas, une telle construction coûtant une fortune (et ce n’est pas le roi Otho II Hightower qui nous contredira, lui qui faillit ruiner Villevieille lorsqu’il entreprit de construire son rempart). Plusieurs villes en France conservent aujourd’hui encore leurs remparts médiévaux, comme Provins, Metz, Avranches, Dinan (etc…).

Les rues médiévales sont le plus souvent étroites et tortueuses, et les venelles, les arches, les passages sinueux, et les escaliers s’enchevêtrent pour former le plan des villes. Les rues étaient pour la plupart en terre battue, mais à partir du XIIème siècle (période qui coïncide avec l’essor urbain, et le développement du trafic commercial dans les villes), elles sont progressivement pavées. Autre élément d’urbanisme : les ponts en pierre. Ils sont en réalité assez rares (Paris n’en compte par exemple que deux au XIIème siècle), mais ce sont des ouvrages massifs sur lesquels se dressent des maisons : certains ponts sont habités (comme ceux de Villevieille). Il en existe encore deux en France : le pont de Rohan (rien à voir avec le Seigneur des Anneaux) à Landerneau, et le pont des Marchands, à Narbonne. Dans la série, il y a un exemple de ce à quoi cela pouvait ressembler avec la cité de Volantis.

À gauche : Tableau représentant un pont habité à Paris au XVIIIème siècle (La joute des mariniers, entre le pont Notre-Dame et le pont au Change, J.-B. Raguenet, 1751 - Musée Carnavalet, Paris) (Crédits : Wikimedia Commons) À droite : Aperçu de la cité libre de Volantis (Crédits : HBO)

À gauche : Tableau représentant un pont habité à Paris au XVIIIème siècle (La joute des mariniers, entre le pont Notre-Dame et le pont au Change, J.-B. Raguenet, 1751 – Musée Carnavalet, Paris) (Crédits : Wikimedia Commons)
À droite : Aperçu de la cité libre de Volantis (Crédits : HBO)

Concernant les habitations maintenant : il existe des dizaines de styles et de constructions différents, mais le modèle le plus connu est la maison à colombage : un rez-de-chaussée bâti en pierre, dans laquelle on trouve parfois des boutiques, et des étages à colombage (ou à façade de bois). Dans le prologue d’AFFC, La Chope à la plume d’oie, la taverne dans laquelle se rend le groupe d’étudiants de la Citadelle que nous suivons, et qui est décrite comme ayant une haute façade de bois, est certainement une (grande) maison à colombage.

maisons à colombage et rues pavées au Moyen Âge : exemple de la ville de Dinan (Crédits : H. Marcou, Editions d'Art)

maisons à colombage et rues pavées au Moyen Âge : exemple de la ville de Dinan (Côtes-d’Armor, Dinan, rue de Jerzual) (Crédits : H. Marcou, Editions d’Art)

Enfin, il existe dans la ville médiévale une force de protection intérieure : le guet, qui à l’origine était une force réunissant des bourgeois armés, mais qui se professionnalise et devient le corps de surveillance et de sécurité intérieure.

Il y a bien entendu d’autres influences médiévales qui nous aurions pu développer, comme la présence des guildes (organisation médiévale) à Villevieille, ou encore le transfert du siège du Grand Septon de Villevieille à Port-Réal qui rappelle par certains aspects celui (temporaire) du pape de Rome à Avignon au XIVème siècle. Mais cette chronique est suffisamment longue ainsi, et on ne tient pas à tuer (tout de suite) nos lecteurs (ni les chroniqueurs d’ailleurs). Il est désormais de temps de passer à la conclusion.

Conclusion : mystère et boule de gomme

Nous vous avons donc présenté un aperçu de possibles (certaines très probables) inspirations pour Villevieille, à la fois tirées de l’histoire antique et de l’histoire médiévale (dans les deux cas, une histoire souvent empreinte d’imaginaire). Bien sûr, il en existe d’autres (cachées dans les hautes herbes : saurez-vous les trouver ?). D’autant plus que de Villevieille, nous ne connaissons qu’un nombre restreints de choses (grâce à l’encyclopédie, Les Origines de la saga, et au travers des deux chapitres qui se déroulent à l‘intérieur de ses murailles). La découverte de la vieille cité promet d’être passionnante : la ville n’a pas fini de nous poser toutes ses énigmes, ni de nous dévoiler ses secrets.

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Venez discuter avec nous des inspirations et parallèles historiques dans l’oeuvre de George R.R. Martin sur le forum : Inspirations et parallèles historiques du Trône de Fer.

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Notes de bas de page

  1. 1 Correction signalée par frère Freuxpensant de La Garde de Nuit. :)
  2. 2 On peut également mentionner l’Hydromel (le nom du fleuve, Honeywine en VO), qui renvoie à l’imaginaire médiéval, imaginaire notamment transmis dans les fêtes médiévales qui fleurissent en France : on y trouve très souvent de l’hydromel vendu à côté d’hypocras, qui elle pour le coup est une boisson médiévale (concernant l’hydromel, s’il est connu et apprécié à certaines périodes du Moyen Âge, nous avons davantage de traces de sa consommation durant l’antiquité grecque).
  3. 3 Je ne vais pas chercher ici à rentrer dans les détails de l’histoire des villes à l’époque médiévale, sujet très vaste et complexe (1000 ans d’histoire sur un territoire divers, où les villes se développent de façon très différente) qui dépasse largement le cadre de cette présentation, mais simplement donner des lignes très générales pour établir un contexte. Pour plus de précisions, je renvoie entre autres à l’ouvrage sous la direction de G. Duby : Histoire de la France urbaine, tome 2 : la ville médiévale, par A. Chédeville et J. Rossiaud, ou encore aux ouvrages de la collection « Histoire de France » (Belin), sous la direction de Joël Cornette.

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