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30 sujets de 601 à 630 (sur un total de 783)
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  • #185440
    Liloo75
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    Ton retour me donne très envie de tester ce livre Feygirl. Il faut que je le note quelque part.

    +1

    Edit. J’avais écouté un podcast avec une interview commune d’Olivier Paquet et Aurane Velten. Déjà, cela m’avait donné l’idée de tester l’un de ses romans.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 année et 4 mois par Liloo75.

    - De quels diables de dieux parlez-vous, lady Catelyn ? (…) S’il existe vraiment des dieux, pourquoi donc ce monde est-il saturé de douleur et d’iniquité ?
    - Grâce aux êtres de votre espèce.
    - Il n’y a pas d’êtres de mon espèce. Je suis unique.

    #185446
    Dohaeris07
    • Frère Juré
    • Posts : 77

     couverture

    Trilogie Hussite : Tome II « Les Guerriers de Dieu »

    4e de couverture :

    Printemps 1427. Le pape Martin V  lance une nouvelle croisade contre les hérétiques tchèques, menée par le cardinal et légat Henri Beaufort. Quant aux Guerriers de Dieu, leurs troupes ne laissent sur leur passage que deuil et désolation.
    Reynevan, médecin de formation, prend part à ces sanglants combats. Arrêté et enfermé à plusieurs reprises, il est poursuivi par tous : l’Inquisition, le sinistre Grimpereau, les Raubritter convaincus d’avoir été volés et le seigneur de Stolz, particulièrement rancunier, qui l’accuse d’avoir enlevé et déshonoré sa fille… Reynevan, qui cultive jusqu’ici le don de sortir indemne des situations les plus critiques, saura-t-il s’échapper une fois de plus ?

    Avec ce deuxième tome  Andrzej Sapkowski devient incontestablement un grand auteur du genre Historique et Imaginaire et à n’en point douter, je le préfère dans le premier genre.  Sans compter que, dès l’instant où j’ai lu la mention des enlumineurs « Les Frères Limbourg »moi qui suit obsédé par leurs techniques, leurs arts, leurs vies d’artistes, leur histoire,  le roman pouvait bien parler de fientes médiévales polonaises comme de la pluie et du beau temps que j’aurais pris grant joie à lire ! Plus aucune objectivité…

    Plus sérieusement, le premier tome m’avait déjà conquis dès les premières pages ! Et tous les petits éléments concernant l’écriture, le rythme, les arcs et la mises en page que je considérais comme susceptible de déplaire aux lecteurs peut familiarisés  avec le genre sont mettent ici pleinement en valeur l’écriture de ce second opus avec lequel l’auteur prouve indéniablement et ce, avec de nombreux clins d’œils qu’il s’adresse à un public sensible à la période du Bas Moyen-âge et aux ar’s qui l’accompagne.Ce qui peut ne pas plaire à tout le monde…

    Et puis, chose méga appréciable, la dimension historique emprunte de magie et de folklore, ce qui n’est pas franchement commun. D’ailleurs, dans nombreuses librairies d’Angers, les livres ne se trouvaient pas dans le rayon fantasy mais romans historiques.  Dans le premier tome, j’avais un peu de mal avec l’approche de la magie que je considérais comme trop original. Alors que là, pas du tout, c’est tout l’inverse en étant en totale adéquation avec la dimension historique de l’histoire. Cela ressemble davantage à de la magie d’Alchimiste que du folklore lubrique païens même si, un certain personnage à la peau verte à l’odeur de fruit fait son apparition pour mon plus grand plaisir mais aucunement pour celui de Reynevan 🙂

    Tome III à paraître pour mai 2023 après quoi, j’en profiterai pour faire écrire une longue analyse  générale sur la trilogie.

    Au plaisir de lire

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 année et 4 mois par R.Graymarch.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 année et 4 mois par Dohaeris07.
    #185466
    Nymphadora
    • Vervoyant
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    Anergique, de Célia Flaux

    Une aventure steampunk pour changer ! L’intrigue se situe en partie dans une Angleterre victorienne et en partie aux Indes. Le monde est divisé entre les Denas, qui produisent de l’énergie, et les Lynes, qui boivent cette énergie et peuvent s’en servir pour faire de la magie (genre recharger des lampes et créer des boules et boucliers d’énergie). Les Denas sont réputés faibles, malléables, à protéger par les Lynes, leur servant de réserve d’énergie à domicile, et ils sont donc assez en retrait dans la société. Bref, vous l’aurez compris : sous couvert d’aventure dans ce monde, le message est fort et on y lit une remise à plat des préjugés et discriminations. Cet aspect-là, même si un peu gros sabot parfois, est plutôt sympa, et dans l’ensemble, j’ai beaucoup aimé l’univers dans lequel nous place l’autrice.

    Là où le bât blesse, c’est que j’ai eu peu d’affect pour les personnages. Nous suivons Amiya, un Dena au passé traumatisant : il s’est fait violer dans son enfance (ie : une dame lui a volé toute son énergie de Dena). Depuis, il était anergique, il ne produisait pas d’énergie, et récemment, il s’est remis à produire de l’énergie, mais il est trop traumatisé pour la partager avec un Lyne. Dans le même temps, nous suivons Liliana, une Lyne d’une riche famille anglaise (*insérez problématiques de lutte des classes et racisme entre cet indien dena trauma pas très bien né et cette lyne rebelle de bonne famille dont le père est très à cheval sur les conventions sociales*), qui est également anergique (côté Lyne, ça se traduit globalement comme de l’anorexie, sauf que c’est l’énergie qu’elle ne boit pas et pas de la nourriture). Au début de l’histoire, un évènement va se produire qui va les rapprocher, et ils vont enquêter ensemble pour retrouver la violeuse d’Amiya qui a reparu et commet des meurtres en série. Sur le papier, ça pourrait hyper bien marcher, mais les deux personnages sont très unidimensionnels, et, alors qu’on est dans de la narration à la première personne, ils n’ont que très peu de profondeur émotionnelle. En plus, leur relation, qui mériterait pas mal d’approfondissement, est mise sous la forme d’un bizarre coup de foudre et basta. A aucun moment je n’ai « cru » aux personnages et donc je n’avais aucun intérêt pour leur histoire. Ajoutons à cela qu’en plus, leur enquête est pas passionnante (globalement, toutes les rencontres avec la tueuse qu’ils recherchent activement se font… parce que la tueuse est venue les voir… gros boulot d’enquête xD).

    Bref, un livre que je ne recommande pas spécialement malgré une sublime couverture ^^ Toutefois il est court et divertissant, ça se lit tout de même très bien. @jon avait plus aimé que moi d’ailleurs.

    ~~ Always ~~

    #185528
    Dohaeris07
    • Frère Juré
    • Posts : 77

    Suite à quelques réflexions, situations et autres, je me suis aperçu que le site cachait nombreux de médiévistes, historiens et passionnées de la période dite Médiévale. Alors, je me permets ce petit Post- Scritpum.

    Ps; Je conseille et recommande vivement la trilogie « Hussite » par l’auteur du Sorceleur à tout amoureux de cette dite période.  Car il n’y a pas plus médiéval comme roman à ce jour. Il y a une dimension historique profonde tout en étant des plus justes. J’ai passé de longues heures à faire des recherches sur toutes les références dont il est fait mention pour les étudier. Et très clairement, Andrzej S. sait de quoi il traite et il ne fait pas les choses à moitié. Pour un passionné d’histoire de l’art médiéval, c’est un régal. Très important également, le travail de description sur le vêtement d’époque (d’apparats, de guerre, de tous les jours) est remarquable.

    Une belle expérience littéraire. Certes, le premier tome est pas facile à lire dans le sens où de nombreux passages sont en latin ajouté à cela une flopée de noms imprononçables mais cela a le mérite de se forcer un peu. Et je crois qu’il n’y a aucune coquille, les deux que j’ai trouvées sans chercher sont probablement la cause d’une mauvaise traduction entre le vieil anglais et le vieux français ?!  Après, les goûts et les couleurs … Mais quand on aime le médiéval, c’est une lecture à ne pas manquer, je pense !

    Au plaisir de lire…

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 année et 4 mois par Dohaeris07.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 année et 4 mois par Dohaeris07.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 année et 4 mois par R.Graymarch.
    #185688
    Yoda Bor
    • Pisteur de Géants
    • Posts : 1113

    Parmi mes dernières lectures, quelques unes ont été plutôt bofs :

    La Guerre du Pavot de R.F. Kuang, qui est un tome 1 même si c’est marqué nulle part. L’histoire d’une jeune fille qui intègre une académie militaire pour échapper à un mariage forcé, alors que son pays est au bord d’une nouvelle guerre avec les habitants de l’île voisine.

    Je crois que je m’attendais à un peu trop avec cette lecture qui est plutôt sympa au départ mais dont l’héroïne a fini par me taper sur le système. La première partie avec la formation est hyper chouette avec un petit pote choupinou sympathique, mais dès que la guerre revient, le personnage devient un peu infect, enchaine décisions foireuses sur décisions foireuses malgré les avertissements et j’ai perdu tout attachement à elle parce que je ne comprenais plus du tout ses motivations (ou je les comprenais mais je n’étais pas d’accord avec elle).
    Ça m’a un petit peu fait penser à Celle qui devient le soleil pour lequel j’avais connu la même progression, avec le côté déguisement en moins et un peu plus de fantasy. Du coup je crois que je vais passer mon tour pour la suite.

    La guerre ne décide pas de qui a raison. Elle décide de qui reste en vie.

    Les larmes rouges de Georgia Caldera aka il faut que j’arrête d’acheter des livres parce que les auteurices ont l’air sympathique.

    Cordelia a 19 ans et une vie vraiment pas cool, personne l’aime et elle essaie de se suicider. Un bonhomme mystérieux vient la sauver et ça tombe bien, c’est son voisin dans le patelin paumé où son père a décidé de s’installer pour qu’elle se repose. D’ailleurs elle va avoir le temps de se reposer puisqu’elle fiche rien de ses journées à part courir à travers les bois pour rendre visite à son voisin taciturne qui est grognon. Et à pleurer à cause de ses cauchemars.
    760 pages qui auraient vaguement pu être intéressantes si le livre avait fait 250 pages. Ça devient un peu mieux sur la fin mais l’héroïne est infernale jusqu’au bout, elle est odieuse avec à peu près tout le monde et le voisin est lunatique. Y a des persos qui auraient vaguement pu être biens, genre le père ou la proprio du resto d’a côté mais Cornelia préfère bouder. Bon courage, y a encore deux tomes après mais ça sera sans moi.

    – J’ai changé d’avis…
    – Encore ?
    – Oui, encore.

    Arys du Rouvre 💜

    #185880
    Nymphadora
    • Vervoyant
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    J’ai lu Pax Automata d’Ariel Holzl

    On part sur un roman jeunesse dans un Paris de la Belle-Epoque steampunk. Une forme d’énergie nouvelle et une utilisation stratégique des automates par les français dans les guerres napoléoniennes a fait basculer le monde dans une uchronie où l’Angleterre est gouvernée par Ada Lovelace pendant que Napoléon III inaugure l’expo universelle. Les automates aident à la plupart des tâches du quotidien, mais le tout est régi par la Pax Automata, interdisant notamment de donner aux automates une forme trop humaine. Philémon de Fernay, jeune élève de saint-Cyr, va se retrouver lié à une drôle d’affaire, enchaînant les aventures dans Paris pour démêler les fils d’un complot mystérieux.

    Une histoire au rythme enlevé dans un monde très sympa. On y retrouve la plume d’Ariel Holzl qui est vraiment agréable, fluide, pleine de fantaisie. Et l’écrin livre est magnifique, avec un super travail d’illustration et d’édition. Donc une lecture plutôt sympa.

    Mais malheureusement, je n’ai pas aimé autant que je l’aurais voulu, et on ne dépasse pas le stade du « moui c’était sympa ». Déjà, si l’univers est très inventif, je n’ai pu m’empêcher de faire des ponts avec le Paris des Merveilles de Pevel, et forcément, mettre en regard un tome jeunesse contre tout un univers de fantasy très développé, bah la comparaison n’est pas équitable. Je le savais, et j’essayais de ne pas dresser de comparaison, mais je n’arrivais pas à m’en empêcher . Mais, surtout, j’ai eu du mal avec le personnage principal : très lisse, il n’a aucune fantaisie, et enchaîne frénétiquement les aventures dans Paris sans répit. Ce rythme effréné mené par un personnage très plat m’a laissée sur ma faim. D’autant qu’il a des sœurs qui ont l’air super marrantes, dans lesquelles on retrouve quelques accents des sœurs Carmines j’ai trouvé… et du coup, j’avais diablement envie d’avoir un livre sur elles plutôt que sur Phil le brave héros sans relief xD

    En bref donc, pas une mauvaise lecture, loin de là, mais pas un coup de cœur non plus.

    ~~ Always ~~

    #186297
    Jon
    • Patrouilleur Expérimenté
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    Plusieurs lectures récemment 🙂

    Un éclat de givreUn éclat de givre, d’Estelle Faye.
    Légère déception sur ce livre que j’aurais beaucoup aimé beaucoup aimer, mais qui me laisse finalement une sensation de « mouaif ». L’écriture est agréable, le contexte – un Paris post-effondrement dont chaque quartier est devenu une sorte de microcosme – très intéressant et bourré de bonnes idées, original, intrigant, très riche et bien construit. C’est très imagé, très visuel, prenant et immersif. En revanche, le scénario est très très mince, bourré de rebondissements artificiels qui apparaissent comme des prétextes à nous faire découvrir de nouveaux endroits. Pourquoi pas, après tout, mais d’après moi mieux vaut le savoir et ne pas s’attendre à plus pour ne pas être déçu ou frustré : le livre est une promenade dans différents quartiers, une exploration d’un univers, une série de scénettes sans enjeux, à peine dignes d’être qualifiées de quêtes annexes, mais toujours belles et intéressantes en tant que telles, comme des tableaux formant une mosaïque décrivant un univers plus qu’une histoire.
    On en parle plus en détail dans les Manuscrits de Mestre Aemon de novembre 🙂

    Au-delà de la lumièreAu-delà de la lumière, de Daniel Mat.
    Une jolie découverte 🙂 Encore une fois dans un monde post-« quelque chose », la ségrégation de la société s’est intensifiée, avec les plus riches vivants derrière des murailles, sous un régulateur de climat, avec des traitements permettant de prolonger presque indéfiniment leur vie, et les plus pauvres, luttant au jour le jour pour se nourrir. Au milieu, les pratiquants du nouveau sport de combat à la mode, qui consiste à simuler une expérience de mort imminente pour accéder à un état second et, connectés virtuellement, à manipuler ses souvenirs pour se battre (en gros), sont les coqueluches des médias et du laboratoire pharmaceutique produisant le sérum utilisé pour déclencher l’expérience. Le héros va se retrouver un peu malgré lui entraîné là-dedans, à la recherche d’explications, tout en essayant d’éviter d’affronter ses souvenirs – bof pratique dans ce contexte.
    Un synopsis intéressant, qui part du concept de la réalité virtuelle mais s’en décolle également pour aborder d’autres thèmes (qui dit souvenirs dit réflexion sur les traumas, qui dit expérience de mort imminente dit réflexion sur la mort), le tout dans un style plutôt fluide.

    Le sang d'orLes Chuchoteurs T2, le Sang d’or, d’Estelle Vagner.
    J’avoue que je commence à atteindre les limites de mes capacités de projection avec ce livre, que j’ai trouvé vraiment très enfance. C’est du coup difficile de se faire un avis objectif, car je me suis vraiment senti hors cible ^^ Je pense que ça peut être très agréable à lire, et assez « fun », avec les petites créatures qui ont des pouvoirs, les nouvelles familles qui apparaissent, etc ; et il y a également des thèmes assez sérieux, voire durs, abordés (la mort, la vengeance, la quête de pouvoir et son prix, …) – et d’autres moins sérieux, mais importants aussi : l’amitié, l’acceptation de l’alterité, les premiers émois amoureux, … Mais le style et la forme m’ont rendu l’immersion difficile (forcément, ils sont adaptés au public cible, dont voilà longtemps que je ne fais plus partie ^^)
    Je ne sais pas encore si je me pencherai sur la suite, mais le cas échéant, il faudra vraiment que je me mette dans le bon état d’esprit ^^
    (J’avais lu le tome 1 en début d’année)

    Dans l'ombre de ParisLa dernière Geste, premier chant : Dans l’ombre de Paris, de Morgan of Glencoe.
    Une bonne surprise ! L’univers est extrêmement riche et foisonnant, mêlant diverses influences : Japon féodal, France du XVIIIe, bardes celtiques, train steampunk, abri post-apo, fées élémentaires… On pourrait craindre une surdose, et si elle affleure occasionnellement, le mélange est globalement réussi. Les différentes thématiques se mêlent, tout en gardant chacune une consistance, ce ne sont pas juste des façades ; chaque « monde » a ses personnages développés et intéressants (même si parfois un peu trop parfaits). J’ai personnellement regretté le manque d’explication sur les raisons de l’uchronie, et des précisions sur les différences techniques entre notre univers et celui de l’oeuvre, mais sur les autres domaines (comme la « magie » au sens large), le mystère est plutôt bien équilibré, piquant notre curiosité en nous donnant quelques éléments de réponse ouvrant de nouvelles questions. Le style est globalement maîtrisé (quelques glissements de focalisation occasionnels, mais rien de bien grave, je suis juste maniaque :D), et certaines images et métaphores sont très poétiques. Léger bémol sur l’utilisation parfois forcée des langues étrangères – l’équilibre entre immersion et émersion est subtil à trouver, et dépend probablement des sensibilités.
    L’intrigue, enfin, quoique suivant une trame classique (« la princesse découvre le monde »), est efficace et bien gérée, avec une intensification du rythme et de vrais enjeux. Et les thématiques abordées sont claires : l’alterité, le respect, l’acceptation d’autrui. Discriminations de genre, de race, de classe, tout y passe, et le message est clair !
    Maintenant, on attend de voir comment la suite parviendra à continuer à jongler avec tous ces éléments 🙂
    Et on en parle aussi dans les Manuscrits de Mestre Aemon, édition décembre (bientôt en ligne) ! 😉

    #186327
    FeyGirl
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    La mort vivante, de Stefan Wul.

    Dans un futur lointain, l’humanité a conquis d’autres planètes mais a rejeté la science, accusée d’être la source de tous les mots. À la place, une religion obscurantiste surveille ceux qui osent être scientifiques. Sur Vénus, Joachim est un vieux biologiste qui a l’amour de la connaissance et des livres. Contre son gré, il est emmené sur Terre, alors que plus personne n’est censé y habiter. Sur une planète ravagée par la radioactivité et la montée des eaux, une femme, Martha, lui demande de cloner sa fille morte.

    C’est toujours un plaisir de retrouver la plume de l’auteur. Ici, en quelques phrases, il brosse toute une ambiance, grâce à des pièces creusées à l’intérieur d’une montagne qui s’avèrent être une prison : les pluies sont contaminées et on ne peut pas sortir sans combinaison. Le lecteur a l’impression d’un château gothique des vieux films, jusqu’aux serviteurs qui sont bien étranges. L’entrée est protégée par des araignées géantes, et peu à peu, une atmosphère inquiétante s’installe. Joachim réussit à cloner Lise avec des cellules prélevées sur son cadavre, mais les fœtus grandissent à une vitesse folle et se développent bizarrement : les « jumelles » (qui sont sept) ont un lien puissant entre elles, et rapidement les événements vont être hors de contrôle.

    Dans ce très court roman (qu’on appellerait aujourd’hui novella), l’auteur prend le chemin du fantastique, voire de l’horreur, tout en dressant une tragédie grecque (ou plutôt latine si on se tient à certains éléments de l’histoire). Le retournement de la créature contre ses créateurs, la fille contre la mère, le franchissement des règles de la biologie, la lointaine prophétie qui enfin s’accomplit…

    Une lecture étonnante tant le cadre s’écarte de la science-fiction habituelle, mais que j’ai appréciée.

    #186387
    DNDM
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    Ha j’ai lu l’adaptation en BD de La Mort Vivante par Vatine et Varanda, c’est en effet une histoire étonnante. Le rythme de la BD m’avait paru bancal, mais j’aime beaucoup l’idée

    Spoiler:
    d’une histoire se situant dans un monde post-apocalyptique et qui raconte une nouvelle apocalypse, comme dit Wikipédia

    J’avais trouvé que la BD avait un rythme étrange (« tout s’accélère à la fin sans qu’on comprenne trop l’idée, c’est vraiment plus une nouvelle qu’une BD en fait », avais-je écrit). Ca passe mieux avec le roman de base?

    Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
    Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/

    #186396
    FeyGirl
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    J’avais trouvé que la BD avait un rythme étrange (« tout s’accélère à la fin sans qu’on comprenne trop l’idée, c’est vraiment plus une nouvelle qu’une BD en fait », avais-je écrit). Ca passe mieux avec le roman de base?

    Je n’ai pas du tout eu l’impression d’un rythme étrange en lisant l’histoire (environ 150 pages, donc une grosse nouvelle). L’auteur sait amener les retournements de situation, prépare quelques foreshawings, donc ça passe bien. C’est assez court, et ça fonctionne bien.

    #186520
    Jon
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    La Quête des Livres-MondeLa quête des Livres Monde, de Carina Rozenfeld.
    Sur Terre, un jeune homme va découvrir qu’il est « différent » quand des ailes vont lui pousser dans le dos. Il partira alors en quête pour sauver son monde d’origine, aidé de ses amis.
    Le scénario, ainsi posé, est assez classique, même si l’intrigue parvient à se renouveler au cours des trois tomes, et des trois quêtes auxquelles ils correspondent, en variant les types de difficultés rencontrées et les enjeux. On s’inquiète peu pour les protagonistes et pour la réussite de leur entreprise (on reste dans de la littérature jeunesse), mais certains passages font tout de même monter la pression – que ce soit par un personnage secondaire en danger, ou par un « mode de résolution » questionnable d’un problème… On aborde également quelques thématiques plus sérieuses, en particulier la quête d’identité sous diverses facettes (d’où on vient, la mémoire, etc).
    Le style est très fluide et agréable, maîtrisé, avec des échappées poétiques lors des descriptions de « l’autre monde » par exemple ; la trilogie se lit toute seule. Quand aux personnages, ils sont très attachants, autant les adultes que les ados ; ces derniers échappent d’ailleurs aux clichés ambulants, et sont crédibles, ce qui n’est pas toujours le cas à mes yeux en jeunesse !
    En bref, une plutôt bonne lecture pour un adulte, et probablement un très bon choix pour faire lire à un « jeune » 😉

    #186758
    Jon
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    Dragons et mécanismesDouble post, mais pour un livre qui le mérite 😀
    Dragons et mécanismes, d’Adrien Tomas.
    Livre qui se passe dans le même univers que Sortilèges et engrenages, on s’en doutait, mais également que Vaisseau d’Arcane, ce à quoi je ne m’attendais pas ! (Mais c’est complètement indépendant pour le coup, alors qu’avec S&E il y a clairement des clins d’oeil, dont la plupart à côté desquels je suis passé car ma lecture remontait trop ^^’)
    J’ai adoré ce livre, la lecture est super agréable, très fluide et très prenante ! J’aime beaucoup le style d’Adrien Tomas, ça se lit vraiment tout seul, mais le scénario et l’univers n’étaient pas en reste, donc tout est là 🙂
    Niveau univers, on est donc dans un monde mêlant « magie » – avec des règles assez fluides, mais ça fait aussi partie de l’histoire – et « mécanique » – dans une ambiance très steampunk, avec des automates et des pistolets. Dans ce livre, on est en plus sur une vaste île tropicale, à la végétation luxuriante, soumise aux moussons, et peuplée de dragons. L’histoire de l’île, des tribus qui la peuplent, et de leur interaction avec les dragons, est au coeur du roman, même si le reste du monde n’est pas absent, avec en particulier un personnage arrivant des Cités Franches et amenant avec elle des intrigues politiques et un regard sur un autre système présent dans cet univers, la géniocratie. Bref, l’univers est vaste, l’univers est bien développé, et c’est agréable de continuer à le découvrir par petites touches, roman après roman 🙂
    Niveau scénario, on est sur des ingrédients assez classiques (l’héritière en fuite, le voleur débrouillard, et d’autres tropes que je ne divulgâcherai pas), mais qui fonctionnent bien, et qui sont souvent repris avec une touche personnelle, ou remixés, ou avec des éléments originaux ajoutés (je pense que l’originalité et l’inventivité sont de bonnes caractéristiques du livre, et avec un mélange qui fonctionne à l’arrivée 🙂 ). J’ai juste un léger bémol sur la fin qui va un peu vite, avec un ou deux éléments de résolution qui sont un peu rapides et faciles, et un méchant un peu caricatural qui raconte sa vie, mais malgré ce petit dérapage à l’arrivée, c’était un très beau voyage ! 😀
    (Et ça confirme Adrien Tomas comme mon auteur-découverte de l’année, comme je le disais dans le booktag 😀 )

    #186888
    Nymphadora
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    Cendres, de Johanna Marines

    Dans un Londres steampunk qui rappelle les plus belles années de Jack l’Eventreur, Agathe s’engage comme domestique dans une mystérieux manoir. En parallèle, on suit également Nathaniel, qui vivote comme il peut dans l’East-End. Des jeunes filles disparaissent, de nouvelles drogues circulent, et ces deux héros vont se croiser dans des circonstances terribles.

    Les prémices auraient pu être engageantes, mais c’est un gros échec pour moi. L’intrigue est finalement un poil barbante, mais surtout très téléphonées, avec tout un tas d’heureuses coïncidences qui font avancer l’histoire artificiellement, des retournement de situation complètement nuls (la palme aux jumeaux perdus de vue), et des personnages terriblement plats. Ajoutons à cela un style maladroit, où un paquet de phrases tombent à plat faute de naturel, et où l’on retrouve même des maladresses narratives (l’histoire est narrée selon des chapitres points de vue internes à la troisième personne, mais tout d’un coup au milieu d’un paragraphe on passe au point de vue interne d’un autre personnage avant de repasser au personnage point de vue).

    C’est dommage, la couverture était jolie… Mais dans le même style, quitte à faire, je vous recommande plutôt Rouille de Floriane Soulas (qui pourtant ne m’a pas forcément passionnée, mais qui au moins était mieux écrit), ou Anergique de Célia Flaux, nettement plus original et là aussi, bien mieux écrit.

    ~~ Always ~~

    #186916
    FeyGirl
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    Dans un Paris des années 1920 uchronique, la cavorite, métal antigravitationnel, permet l’utilisation d’engins volants dans les airs de la capitale, au-dessus de l’Atlantique ou vers Mars ! Car la planète rouge est le fruit de la colonisation de quelques puissances, dont la France.

    Mais voilà : non seulement les mines de cavorite s’épuisent, mais en plus Pierre et Marie Curie ont découvert que le rayonnement de la cavorite, annulant la gravitation, est beaucoup plus court que ce qu’on pensait et est limité à quelques années. S’en est suivie une grave crise, puisque toute la civilisation moderne tournait autour de ce métal.

    Dans ce contexte, nous suivons à Paris Renée, institutrice à la recherche d’un emploi et qui va recueillir un erloor (un Martien) blessé ; Georges, artiste sans le sou qui se mêle aux anarchistes ; Marthe, journaliste scientifique passionnée par la science mais dotée d’un mari peu encourageant ; Maurice, commissaire de police proche de la retraite et adepte des vieilles méthodes ; ou encore Marcel, médecin déchu car il stérilisait des femmes pauvres dans une perspective d’eugénisme.

    Les différents arcs narratifs, qui se croiseront parfois, vont dessiner un mystère autour de la cavorite et des habitants de Mars, les erloors, espèce intelligente mais considérée par beaucoup comme des animaux puisqu’ils n’ont pas développé une civilisation technologique.

    L’un des gros points forts de ce roman est la plume, fluide et agréable. Les chapitres relativement courts, passant d’un narrateur à un autre, sont très entraînants. L’univers a beau être uchronique, on s’y croit et les scènes sont très vivantes, rappelant le Paris des années 1920 qu’on connaît, mêlé à une touche de science-fiction grâce aux appareils volants — voire aux vaisseaux spatiaux assurant la liaison vers Mars — et à une Histoire modifiée. On est dans une ambiance steampunk transposée au début du XXe siècle très réussie.

    La quête des personnages est l’élan du récit ; au-delà de l’intrigue générale qui expose un trafic de cavorite, le lecteur suit les péripéties qui vont bouleverser leur vie. Car le récit ne manque pas d’actions, certaines rappelant les vieux films, tandis que d’autres lorgnent du côté de la science-fiction old school (les Martiens !) mais dépoussiérée avec des thématiques modernes, la plus marquante étant les droits des « colonisés », auxquels on peut ajouter la place des femmes dans la société, le cynisme des gouvernements ou encore la dépendance d’une civilisation à une source d’énergie non renouvelable. Même si la conclusion n’offre pas de grande surprise (les révélations arrivent au fur et à mesure), on est séduit par l’univers convaincant et le rythme entraînant du roman.

    Une lecture captivante.

    #187233
    Nymphadora
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    La carte des Confins, de Marie Reppelin

    Une histoire de fantasy young-adult peuplée de magie et de pirates… ou pas… C’est ce que nous vend le quatrième de couverture du livre, mais, ne nous y trompons pas, ce livre est une romance. Nous suivons les turpitudes amoureuses de Callie, une voleuse forte en gueule au passé sombre, avec Blake, un pirate sexy et charismatique.

    Après tout pourquoi pas, j’ai rien contre les romances personnellement (même si je trouve très malhonnête de ne pas vendre le livre pour ce qu’il est). Mais qu’est-ce que cette romance-ci est mauvaise ! On enchaîne cliché sur cliché ! C’est navrant ! Elle est belle, il est beau, ils se lancent des piques sensées être pleine de répartie, mais c’est juste les mêmes répliques que celles qu’on a vues milles fois dans des comédies romantiques, en moins bien écrit, avec des personnages plats et qui tournent en boucle. Le tout saupoudré de clichés bien sexistes comme il faut (oh oui elle est « une femme forte », mais ce qui la fait craquer c’est de voir son mec en coller une à un gars par jalousie… et puis les mecs ils aiment ça, les filles elles sont comme ci, patati… *lève les yeux très haut au ciel*)

    Le reste de l’intrigue est inexistant. On est sensés suivre un équipage de pirates mais on en voit trois à tout casser (la palme quand même au moment où on apprend qu’il y a un traitre sur le bateau… et pouf figurez vous que comme par hasard, on nous rebat les oreilles avec le nom d’un pirate de l’équipage depuis un chapitre alors qu’il n’était jamais apparu avant… oh la la je me demande qui est le traitre dites-donc). Le grand méchant ne sert à rien, la scène de fin avec la confrontation est risible au possible. Bref, il n’y a pas grand chose à sauver dans ce livre.

    J’ai emprunté le livre à la médiathèque par curiosité, l’ayant vu passer partout sur les réseaux sociaux. Il a été écrit par une bookstagrammeuse à plein d’abonnés. Moralité : le buzz autour des influenceurs, même en littérature, faut s’en méfier xD (je vous rassure, je m’attendais pas à un chef d’œuvre en le prenant, mais j’avais envie de voir d’où venait le buzz par moi-même ^^ Ne faites pas comme moi.)

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    #187235
    FeyGirl
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    Terreur, de Dan Simmons

    En 1845, l’expédition maritime Flanklin, composée des navires HMS Erebus et HMS Terror, part vers l’Arctique en espérant découvrir le mythique passage du Nord-Ouest qui relierait l’Atlantique et le Pacifique par le nord du Canada. Personne ne reverra jamais aucun membre des équipages ; seuls quelques rares vestiges trouvés des années voire un siècle plus tard suggèrent de maigres pistes sur le destin des quelque 129 marins.

    Sur cet événement historique pourtant peu joyeux, l’auteur a imaginé un récit entraînant, un pavé maîtrisé où différents narrateurs — des officiers et des subalternes — vivent le froid, la faim, la peur, l’espoir et le désespoir, les morts successives de leurs coéquipiers, et surtout la terreur devant un ennemi qui les pourchasse. Car une créature rode, attrape et tue les marins sur cette mer gelée.

    La touche fantastique, qui s’insinue lentement dans le roman avec cette créature, est renforcée par la présence d’une jeune Esquimaude muette — sa langue ayant été arrachée — et dont les faits et gestes restent mystérieux. Les plus superticieux de l’équipage vont rapidement lui attribuer une influence sur le cours des événements, au grand damne des officiers plus rationnels.

    La Terreur, c’est le nom d’un des bateaux pris dans les glaces et qui menace de céder sous la pression. La Terreur, c’est la créature mystérieuse, presque invisible, qui se repaît de chair humaine. La Terreur, c’est la maladie, la nourriture avariée, la promiscuité, les tensions entre les hommes. Dans cet enfer, des membres d’équipages s’avèrent retors tandis que leurs collègues restent fidèles à leurs principes, dont le commandant de l’expédition, Franklin, incompétent pour le malheur de tous. Un cadre où la comédie humaine — ou plutôt, la tragédie — bat son plein avec les risques de mutinerie et les mauvaises décisions. On retrouve ici un thème typique des romans d’horreur : la menace du surnaturel n’est rien par rapport à la menace des humains.

    Les récits des narrateurs s’entrecroisent et n’ont pas la même temporalité : certains citent la mort d’un autre personnage, qu’on retrouve ensuite quelques jours plus tôt relatant sa propre histoire ; et le lecteur curieux dévore le livre pour savoir comment il a perdu la vie. On se doute de la fin, et on apprécie que l’auteur ait su ménager, malgré tout, un suspense haletant.

    La connaissance de la vie des marins de la Royal Navy du XIXe siècle ressort de chaque page, les navires devenus des prisons sont détaillés dans le moindre recoin, et on comprend que l’auteur s’est intensément documenté. L’exploration de l’âme humaine n’est pas oubliée, loin de là, grâce à une galerie de personnages fouillés et crédibles qui forment un récit choral où chaque voix apporte sa vision des événements et de la créature meurtrière.

    Roman historique, roman d’aventures, roman de survie, mais aussi roman fantastique où l’horreur est tapie dans l’ombre, Terreur sait surprendre le lecteur grâce à une fin que j’ai beaucoup appréciée.

    À lire pour tous ceux qui souhaitent un récit solide et prenant.

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 année et 2 mois par FeyGirl.
    #187238
    Nymphadora
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    Terreur, de Dan Simmons
    (…)
    À lire pour tous ceux qui souhaitent un récit solide et prenant.

    J’avais vu la mini-série (disponible sur Prime) et je l’avais beaucoup appréciée. Les éléments d’horreur m’avait beaucoup marquée et me suivent encore aujourd’hui, et les acteurs sont excellents. On y retrouve notamment Tobias Menzies (aka Edmure Tully dans GOT) et Ciarán Hinds (aka Mance Rayder dans GOT) pour ceux qui aiment suivre le cast de Game of Thrones ^^.

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    #187263
    Dohaeris07
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    Dernières lectures :

    Le nom de la Rose d’Umberto Eco, nouvelle parution 2022.

    Les Téméraires – Bart Van Loo, parution 2022

    L’Alchimiste – Paulo Coelho

    Le Roman de Fauvel – Manuscrit médiéval numérisé sur Gallica (un délice)

    Chretien de Troyes – le Conte du Graal ou Perceval

    Jean Phillipe Jaworski – Le chevalier aux Epines: Le Tournoi des Preux (immense coups de coeur)

    Des lectures que j’ai enchainées pour l’atelier d’enluminure depuis décembre pour mon plus grand plaisir.

    Belles lectures à vous …

     

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 année et 2 mois par Dohaeris07.
    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 année et 2 mois par Dohaeris07.
    #187398
    FeyGirl
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    Déracinée, de Naomi Novik

    Dans un monde imaginaire inspiré du moyen-âge slave, Agnieska est une fille de bûcheron sans attraits ni talents particuliers, vivant près du Bois maléfique dont il ne faut pas s’approcher sous peine d’être contaminé. Tous les dix ans, le Dragon, seigneur de la région, choisit une jeune fille pour rester avec lui pendant dix années ; en échange il protège les habitants contre le Bois grâce à ses talents de sorcier. Contre toute attente, Agnieska est sélectionnée par le Dragon pour passer tout ce temps loin de sa famille et ses amis. Elle est furieuse contre le Dragon.

    Ce qu’elle ignore, c’est qu’il avait deviné qu’elle avait des aptitudes de sorcière, et le Roi impose aux sorciers de former quiconque possède des dons. À contrecœur, car ce n’est pas un personnage aimable, il s’acquitte de sa tâche avec froideur et récriminations. En effet, il est adepte des règles et des livres, alors qu’elle s’avère douée pour une magie plus instinctive et poétique.

    Mais les événements se précipitent dans le royaume, et le Bois va attaquer la région.

    L’atmosphère est un mélange de contes folkloriques et de fantasy exotique (ici, slave) plutôt réussi, avec des personnages autour d’Agnieska qui sont tous peu amènes et singulièrement réalistes. Seule son amie d’enfance, celle que tout le monde pensait digne du Dragon pour la sélection décennale, lui montre un soutien sans failles. L’héroïne va être projetée dans des intrigues et complots de cour, bien loin de sa campagne natale.

    Le plus marquant reste la magie, et surtout le Bois, entité maléfique, liée aux arbres et occasion de descriptions envoûtantes.

    L’auteure sait régulièrement nous surprendre, en nous amenant là où nous ne nous y attendons pas, tout en prenant son temps pour l’évolution d’Agnieska et des autres personnages.

    Un scénario riche, une galerie de caractères variée et intéressante dans leur côté gris, une écriture travaillée, un univers fascinant : une bonne lecture à la frontière entre la fantasy habituelle et le merveilleux.

    #187526
    Nymphadora
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    Les sept maris d’Evelyn Hugo, de Taylor Jenkins Reid

    Une ancienne icône du cinéma américain raconte à une biographe sa vie, et notamment ses sept mariages. Un peu comme si Elizabeth Taylor racontait sa vie, sauf que cette vie est totalement fantasmée par l’autrice.

    J’ai beaucoup aimé ce roman. Le personnage d’Evelyn est complexe et touchante. Parfois détestable, calculatrice, manipulatrice, mais aussi fragile, et cachant beaucoup de fêlures. Un personnage qui n’a rien de lisse et dont on se passionne pour la vie, les pages se tournent toutes seules. Sa principale relation amoureuse est aussi très belle, et joliment écrite. Ajoutez à cela une atmosphère « âge d’or d’Hollywood » très bien retranscrite, dans ses excès et ses égocentrismes mais aussi dans son côté fascinant. Et surtout des thématiques très riches, abordées avec justesse (patriarcat, homophobie, violences domestiques, maladie…) sans faire dans le pathos ou en angélisant l’héroïne pour autant.

    Sans être le meilleur livre que j’ai jamais lu (notamment parce que la traduction française est un désastre absolu, et aussi parce que ça a un petit côté convenu dont on voit les ficelles faites pour tirer sur nos cordes sensibles), j’ai vraiment beaucoup aimé et je pense que j’en garderai un très chouette souvenir.

    (@maxim015 en a parlé ici si vous voulez un second avis.)

    ~~ Always ~~

    #187530
    FeyGirl
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    Sans être le meilleur livre que j’ai jamais lu (notamment parce que la traduction française est un désastre absolu,

    Ce genre de truc m’énerve beaucoup.

    Je suppose qu’il existe beaucoup de traducteurs talentueux attendant un contrat, mais certains ME rognent le budget sur cette prestation pourtant indispensable (idem pour les correcteurs).

    #187540
    Amarei
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    Bonjour ! Voici un point sur mes lectures de janvier.

    Cette année je me suis fixée comme objectif de lire au moins 50% de livres écrits par des femmes.

    J’ai aussi lu de la bande-dessinée mais il y a une autre conversation sur les « lectures graphiques ». D’ailleurs, est-ce que les albums jeunesse sont à mettre aussi dans lectures graphiques ?

    Capitale du Sud 1 : Le Sang de la cité de Guillaume Chamanadjian.

    Si j’ai bien compris, le livre fait partie d’un ensemble intitulé Le cycle de la Tour de Garde qui comprendra à terme une série de 3 tomes écrits par Guillaume Chamanadjian (Capitale du Sud) et 3 tomes dans le même univers mais écrit par Claire Duvivier (Capitale du Nord).

    Ce premier tome m’a beaucoup plus même si il semble surtout être une introduction pour la suite. J’ai hâte de lire la suite et je suis aussi curieuse de voir comment les deux séries de livres vont s’articuler ensemble. Il y a un sujet entier consacré à cette série sur le forum.

    Le Secret de l’abbaye de Brigitte Aubert.

    J’ai pris ce livre dans une boîte à livre de mon quartier. Il me semble avoir déjà lu quelque chose de cette auteure mais je n’en ai aucun souvenir. Il s’agit d’un roman policier qui se déroule à la toute fin du XIXème siècle qui met en scène Louis Denfert, un reporter, personnage qui revient dans plusieurs romans de l’auteure.  Ici l’intrigue se déroule autour des îles de Lérins. On y croise beaucoup de personnage connus de l’époque.

    J’étais contente de retrouver les îles de Lérins que j’avais visitées il y a quelque temps et de reconnaitre les lieux. Mais en dehors de ça je n’ai pas aimé le livre. J’ai eu l’impression que l’auteure voulait absolument y caser tous les personnages connus de l’époque ce qui du coup m’a semblé assez artificiel. Je n’ai pas aimé l’écriture et notamment l’utilisation de termes d’argot qui m’a aussi semblé forcée.

    Je suis aussi en train de lire Les marins ne savent pas nager de Dominique Scali mais j’attends d’avoir terminé pour vous en parler. Je vais de ce pas écrire mon post dans le sujet « vos dernières lectures graphiques ».

    “Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux.” JR.

    #187545
    FeyGirl
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    The Children of Kings (Romance de Ténébreuse / Darkover), de Deborah J. Ross

    Ce roman fait partie de ceux écrits par Deborah J. Ross après le décès de Marion Zimmer Bradley, avec l’aide des notes de MBZ (selon ses dires) et inclus dans le cycle officiel de la saga La Romance de Ténébreuse.

    Planète Ténébreuse, quelques années après The Alton Gift : Gereth, héritier des Elhayin et de la couronne, est un jeune homme qui étouffe au sein des Comyn. Il n’a aucune liberté, pris en étau entre d’un côté la surveillance de ses pairs se méfiant de celui qui a été manipulé dans une tentative de coup d’État, et de l’autre la flagornerie des courtisans espérant tirer profit de lui. Il envie son cousin, héritier de la Régence — qui détient le vrai pouvoir — et qui a déjà fait ses preuves.

    Alors même qu’il sait que la couronne ne possède plus aucun pouvoir depuis longtemps, Gareth est impulsif et rêve d’aventures. Il a peu de laran — le pouvoir psychique des Comyn — et se sent inutile, avec un destin tracé d’avance. Il décide, avec l’accord passif de sa grand-mère, de s’enfuir pour découvrir les Villes Sèches, territoire attirant par son exotisme mais habité par les ennemis des Domaines. Se faisant passer pour un marchand, il rejoint une caravane se dirigeant vers la ville frontière de Carthon. Là, il entend des rumeurs suggérant que des blasters auraient tué dans le désert. Pourtant, les Terriens sont partis, et avec eux leurs armes interdites sur Ténébreuse. Gareth joue alors les espions et enquête, en compagnie de Rahelle, la fière fille du riche marchand à qui appartient la caravane.

    Ce roman est l’occasion de revenir dans les Villes Sèches, après La Chaîne Brisée. Les villes, les déserts, les us et coutumes : tout est fortement inspiré par notre Moyen-Orient médiéval et très agréable à découvrir. Dans ce contexte, Gareth n’évite pas les erreurs et les incompréhensions et se met dans des situations inextricables. Le choc culturel est palpable, tout comme la fascination du héros pour ce monde différent du sien.

    Filatures, surveillance, camouflage, infiltration : on est dans un pur roman d’aventures. Certes, les romans de Deborah J. Ross sont moins politiques que ceux de Marion Zimmer Bradley, et la touche romantique est plus marquée que dans le cycle original. Il n’en reste pas une lecture parfaite pour la détente, à destination de tous les amoureux de la Romance de Ténébreuse.

    #187717
    FeyGirl
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    Le Livre de M, de Peng Shepherd

    Dans un futur proche, une catastrophe est arrivée : des humains perdent leurs ombres, et avec elles leur mémoire. La première personne atteinte par ce phénomène habitait en Inde, et peu à peu le monde entier fut touché, menant à l’effondrement de la société. Les victimes oublient plus ou moins lentement qui sont leurs proches, puis quel est leur propre nom, et enfin qu’il faut manger ou respirer pour vivre.

    Ory et Max sont un couple réfugié dans un hôtel isolé. Ils assistaient au mariage de leurs amis Paul et Immanuel quand Boston a été frappé, puis l’ensemble des États-Unis. Deux ans qu’ils vivent reclus, alors que les invités sont finalement partis à la recherche de leur famille. Mais un jour, Max perd son ombre.

    Naz, elle, est une jeune athlète iranienne venue aux États-Unis afin de s’entraîner au tir à l’arc pour les Jeux olympiques, quand sa vie est bouleversée par l’irruption de ce phénomène étrange. Quant à l’Amnésique, il a perdu sa mémoire à la suite d’un accident de voiture, quelque temps avant l’apparition de l’Oubli.

    Ce roman choral reprend la trame classique de certains récits post-apocalyptiques et survivalistes, et on peut même penser aux histoires de zombis — les sans-ombres remplaçant ici les zombis — à la différence près que l’Oubli n’est pas contagieux, et que les sans-ombres ne sont pas tous menaçants, loin de là.

    Dès les premières pages, le lecteur est entraîné par une prose fluide et limpide. L’auteure a un talent de page turner certain, mais pas seulement. Ce roman d’action se double d’une exploration psychologique de ses personnages, qui tous ont peur du monde qui vient mais sont animés d’un espoir envers et contre tout. Même parmi ceux qui perdent leurs ombres, des groupes vont à La Nouvelle-Orléans où, dit-on, quelque chose d’important arrive sans qu’ils ne sachent exactement quoi. Cet espoir diffus reste un moteur qui les fait avancer, alors que ceux qui ne croient plus en rien sombrent dans la violence. L’auteure illustre ainsi la nécessité d’avoir un but.

    Le thème de la mémoire et des souvenirs, constitutifs de notre identité, est évident dès les premières pages. Max, la femme d’Ory qui a perdu son ombre et qui est partie, marche dans la nature, et enregistre ses souvenirs et ses réflexions dans un magnétophone. Elle parle à son mari absent, et se parle à elle-même tant qu’elle se souvient encore des choses. Ory, de son côté, va à la recherche de sa femme à travers ces États-Unis post-apocalyptiques ; il a peur qu’elle oublie qui elle est, et qu’elle s’oublie elle-même : lui aussi est animé par l’espoir de la retrouver.

    Le tableau serait incomplet sans la touche fantastique, présente dès le début du roman avec le lien entre les ombres et la mémoire, lien que personne ne sait expliquer mais qui devient un élément intangible de ce nouveau monde. Les sans-ombres modifient parfois la réalité, quand leurs souvenirs confus leur échappent et transforment des routes et des bâtiments. Peu à peu, le fantastique prend plus de place — mais jamais trop — et devient poétique, y compris dans des situations qui auraient dû être effrayantes.

    La conclusion du roman, avec une surprise somme toute logique, m’a beaucoup plu par son ton et par les perspectives qu’elle offre.

    C’est une lecture captivante, entre post-apocalyptique et fantastique, avec des personnages à la psychologie approfondie et servie par une narration accrocheuse (page turner, quand je ne fais pas l’effort de chercher un mot français).

    • Cette réponse a été modifiée le il y a 1 année et 2 mois par FeyGirl.
    #187748
    Nymphadora
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    Les clans du ciel, tome 1 : La quête d’Ellie, de Jessica Khoury

    Un roman jeunesse bourré de charme ! Destiné aux enfants début collège, il nous emporte dans un monde où chacun a des ailes. Moineaux, aigles, faucons… la société est constituée en clans, et Ellie, notre héroïne, moineau, rêve d’intégrer les Ailes d’Or, les chevaliers du royaume, qui sont traditionnellement constitués des clans supérieurs (ceux qui ont des grandes ailes quoi). Et à côté de sa quête pour rejoindre cette élite, Ellie va rencontrer un trio de jeunes voleurs et se joindre à eux, pour une grande aventure qui va l’amener à la capitale.

    Premier tome de saga, on sent que l’univers est bourré de potentiel, et j’ai beaucoup aimé la façon dont est écrit ce monde d’hommes-oiseaux, avec des description hyper colorées, qui nous donnent l’impression d’y être. Et, n’étant pourtant pas la cible du roman (j’ai passé mes années collège depuis un peu de temps huhu), j’ai très envie de connaître la suite, et je crois que, plus jeune, j’aurais été obsédée par ces aventures ! Les personnages sont très bien dessinés, Ellie en tête, naïve et idéaliste mais loin d’être cruche, qui fait face à Nox, corbeau cynique et désabusé qui reste assez touchant, et deux « side-kicks » absolument adorables : le fana d’animaux de la bande, et la scientifique à gadgets. Le danger est là aussi, avec de mystérieuses gargouilles qui attaquent les gens, mais les enjeux ne sont pas manichéens, l’autrice ne prend pas ses petits lecteurs pour des truffes, et elle montre avant tout que la société inégalitaire fait au final bien plus de mal que ces drôles de méchants. Ellie va, en ça, être confrontée à ses idéaux, et c’est très bien fichu, sans être ultra prêchi-prêcha.

    Honnêtement, c’était trop choupi cette histoire ! Une saga jeunesse pleine de potentiel, qui devrait charmer les petits lecteurs de fantasy et leurs parents.

    ~~ Always ~~

    #187830
    Jon
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    Petit rattrapage :

    BabelBabel, R.F. Kuang
    On en a parlé plein en MMA, mais pour résumer, j’ai vraiment beaucoup aimé 🙂
    J’ai trouvé les thématiques très intéressantes et très bien traitées (la colonisation, le racisme, l’impérialisme, le capitalisme, mais aussi la traduction, la langue). J’ai adoré les « cours » de traduction et d’étymologie. J’ai bien aimé les enjeux, la construction, le style, l’émotion… J’ai trouvé quelques passages parfois un peu rapides, mais dans l’ensemble c’était top !

    An unkindness of ghostsAn Unkindness of Ghosts, Rivers Solomon
    Une lecture très étrange, c’est assez difficile à définir.
    L’histoire et les thématiques sont super intéressantes : on est dans un « vaisseau planète », qui est parti de Terre il y a des siècles suite à une catastrophe, et qui contient probablement les restes de l’humanité. Le vaisseau vogue vers on ne sait où, une société s’est recréée avec ses castes, dans un régime policier super autoritaire, avec une hiérarchie de « ponts » (dont chacun a sa sous-culture) extrêmement raciste, et une justification divine (tout pour plaire). On suit Aster, une jeune femme d’un « lowdeck », très rebelle, mais également extrêmement brillante, en particulier en biologie, qui du coup sert de médecin, et a un statut un peu particulier, et qui, entre autres, cherche à comprendre pourquoi sa mère a disparu vingt ans plus tôt.
    Voilà en gros pour le pitch, et c’est une histoire assez prenante, l’univers est intéressant et bien construit, les thématiques sont très intéressantes, sur l’ordre social et la violence en particulier (c’est extrêmement violent par contre, une sorte de violence banalisée, principalement via les soldats chargés de maintenir l’ordre qui maltraitent atrocement les « lowdeckers »). En filigrane, on a aussi des thématiques plus subtiles, sur le genre bien sûr (Rivers Solomon est non-binaire), mais aussi sur les troubles psy.
    Et c’est là que ça devient une lecture étrange : Aster a de gros troubles psy, et sa meilleure amie, qui a un rôle assez important, en a encore plus, ce qui fait que c’est souvent très compliqué de se projeter, ou juste de comprendre ce qu’il se passe, les enjeux, les raisons des actions des personnages, qui ont parfois des comportements ou des réactions qui paraissent assez erratiques, ou qui ne correspondent pas à nos attentes. Il faut rester concentré, il faut parfois s’accrocher, d’autant plus que le rythme est parfois un peu saccadé, avec des accélérations et des ellipses un peu brutales.
    C’est un voyage éprouvant, mais que je ne regrette pas d’avoir fait, on s’attache malgré tout à ces personnages, même si parfois on ne les comprend pas, même si parfois elles sont insupportables, énervantes, qu’on a envie de les secouer pour les faire prendre « le bon chemin », « les bonnes décisions », avant de se rappeler qu’en fait, ça ne sert à rien, au contraire, qu’elles sont juste différentes et qu’au final, ben, c’est comme ça.

    Nos jours brûlésNos jours brûlés, Laura Nsafou
    C’est une grosse déception pour moi, je suis passé à côté de ce livre, alors que j’en attendais beaucoup (l’autrice aux Imaginales était très intéressante, sa démarche d’intégrer pour une fois des mythes d’Afrique plutôt que les éternels mythes grecs me hypait complètement, et le retour de Loups m’avait emballé). Mais au final, je ne suis pas du tout rentré dedans.
    J’ai eu du mal avec la narration, à la première personne, qui intercale des passages au présent, parfois allant jusqu’à « nous » parler, aux passages narratifs au passé, et avec beaucoup trop des hélas classiques « si j’avais su » et affiliés.
    J’ai eu du mal avec les dialogues, dans lesquels, sans doute pour donner un ressenti plus familier, les pronoms sont abrégés (« T’as ») et les « ne » supprimés.
    J’ai eu du mal avec la surutilisation de formules tragiques grandiloquentes presque systématique en fin de chapitres et sous-chapitres (j’avais à chaque fois l’impression d’entendre une pause théâtrale et un « tadadaaam »).
    J’ai eu du mal avec le style que j’ai trouvé souvent très scolaire, en particulier dans les descriptions (dès qu’on croise un nouveau personnage, on a le droit à sa coiffure, ses yeux, sa couleur de peau, etc (d’ailleurs, mais je ne sais pas si c’est légitime, j’ai trouvé dommage que dans un contexte où tout le monde est d’origine africaine, l’autrice se sente obligée de préciser à chaque nouveau personnage qu’il est noir, alors qu’en fait dans le cadre du récit c’est la norme ; ça apporte une certaine lourdeur, mais je me dis que pour le coup c’est peut-être un besoin « hors livre » : c’est tellement rare dans la littérature française qu’il y a besoin de réinsister à chaque fois ?)).
    J’ai eu du mal avec le rythme du récit, en particulier la gestion des ellipses pendant lesquelles la personnage apprend plein de choses, mais aussi le rythme de l’évolution des personnages.
    J’ai eu du mal avec la romance, qui a, à mon goût, une place trop importante au vue de sa pertinence, et qui vient parasiter le reste.
    J’ai eu du mal, en fait, avec les personnages, pour lesquels je n’ai ressenti aucune empathie – alors qu’il y a des thématiques intéressantes traitées, autour du deuil, autour du destin, autour de l’espoir, etc, mais j’étais très peu impliqué (peut-être parce que j’étais déjà sorti du livre, cela dit). En plus, j’ai trouvé que certains personnages secondaires avaient des comportements très erratiques (« mystérieux » 9_9) et ça m’a pas aidé.
    J’ai eu du mal à m’impliquer dans l’univers, je n’ai pas ressenti du tout la nuit permanente (si on ne nous avait pas reparlé régulièrement de la disparition du jour j’aurais pu complètement oublier, ça n’a aucun impact sur les personnages, sur leur vie, ils voient très bien dehors, y compris des détails lointains, des couleurs, etc…), je n’ai pas ressenti de curiosité ou de mystère autour de la découverte d’esprits, de créatures, et de magie…
    J’ai eu, enfin, du mal avec l’intrigue, probablement en conséquence de tout le reste, et car le sujet est plutôt l’évolution des personnages que leurs actions – le tome 2 sera peut-être plus actif mais ce sera probablement sans moi :/
    Bref, je n’ai pas aimé, à mon grand désarroi. C’est possiblement le genre de livre pour lesquels on rentre dedans ou on passe à côté, et par certains aspects je peux voir des trucs intéressants si on était dedans, mais pour moi c’est loupé 🙁

    #188044
    FeyGirl
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    Guide des genres et sous-genres de l’imaginaire (nouvelle édition), d’Apophis

    Ce guide est écrit par un des blogueurs-phares de la sphère SFFF (Science-Fiction Fantasy Fantastique) francophone, avec le site le plus visité dans ce domaine : le culte d’Apophis.

    Voici un livre qui a (déjà) une histoire éditoriale : parue en numérique uniquement pour le lancement de la collection Albin Michel Imaginaire en 2018 ; puis révisée et augmentée en 2022, toujours en numérique ; et enfin, devant le succès, parution en version papier ces jours-ci, en 2023. Succès mérité, car ce guide brosse un tableau large, précis et surtout à jour sur les littératures de l’imaginaire.

    J’avais déjà beaucoup apprécié la première édition. Apophis a actualisé les dernières évolutions en Fantasy et Science-Fiction, après voir décrypté pour nous les sous-genres, et mis en lumière l’histoire des tendances SFFF qui accompagnent celles des sociétés, voire qui sont nées en réaction à d’autres sous-genres. À ce stade, il convient de préciser que ce guide est destiné au grand public et n’a rien d’un pensum.

    Sans omettre les diverses classifications existantes (dont les anglo-saxonnes et les francophones), il souligne les croisements de plus en plus fréquents entre les catégories ; et la profusion actuelle des sous-genres est stupéfiante. Réjouissante, mais stupéfiante (et je ne vais pas m’aventurer à peaufiner les catégories dans mon propre blog !).

    L’auteur s’attache à expliquer les critères clefs de chaque sous-genre, parfois sans concession : ce passionné pointe les qualités et les défauts, y compris dans l’écriture ou les personnages peu subtils de certains courants, notamment les précurseurs. On peut noter que plus on avance dans le temps, plus l’exigence est de rigueur (c’est une généralisation, certes, si on oublie certaines catégories commerciales).

    Pourquoi lire un tel guide, me direz-vous ? Les raisons sont sans doute diverses, et pour ma part : curiosité, envie de comprendre les évolutions lourdes d’un genre peu étudié par les « sachants » en France, et aussi désir d’avoir des recommandations de lecture.

    Didactique, chaque sous-genre est illustré d’exemples précis, avec des auteurs ou des romans représentatifs du sujet traité. Et c’est le gros défaut du guide : la PAL (Pile à Lire) gonfle à chaque partie. Remarquez que c’est contradictoire avec le paragraphe précédent : je l’ai lu, entre autres motivations, pour avoir des titres de romans à noter. Sans anticiper que trop de titres me feraient envie. C’est la dure vie des gros lecteurs.

    Nb : si vous souhaitez la version papier, il vous faudra le commander en librairie ou sur internet (distribution Hachette, code 9782226483836 / 5631428). Si vous préférez le numérique, la version actualisée est au prix franchement avantageux de 1,99 € : c’est suffisamment rare pour le souligner.

    #188222
    Nymphadora
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    Sur les bons conseils de @wylla lors du booktag de Noël, j’ai lu Miss Charity, de Marie-Aude Murail.

    C’est un énorme coup de cœur <3 Nous suivons l’enfance de Charity, librement inspirée de l’enfance de l’autrice Beatrix Potter (à qui l’on doit Peter the Rabbit et d’autres monuments de la littérature pour enfants britannique). Enfant très seule et très curieuse, elle se crée une petite ménagerie dans sa nursery, se prend de passion pour Shakespeare, apprend la peinture et la nature… et nous montre, par ses yeux, la bonne société anglaise de la fin du XIXème siècle. C’est extrêmement bien écrit. Bourré d’humour et d’ironie, on retrouve un peu le ton incisif de Jane Austen, tout en lisant un récit plein de tendresse. Un vrai délice. Le roman est en plus très joliment illustré par Philippe Dumas, et ça participe encore plus à la sensation de détenir un petit trésor entre les mains. On en ressort avec le sourire jusqu’aux oreilles. Un roman à lire !

    Merci Wylla pour ta reco !

    ~~ Always ~~

    #188268
    Nymphadora
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    La revanche des autrices, de Julien Marsay

    Un essai qui détaille les portraits d’autrices qui auraient pu et du figurer dans la liste des classiques de la littérature française, et les raisons et mécanismes en œuvre pour finalement les invisibiliser.

    Des procès faits aux femmes de lettres qui feraient mieux de se mêler de leurs affaires de bonnes femmes (on pensera par exemple au traitement des Précieuses ou des Bas-bleus), aux attaques ad-personam des autrices (il est tellement plus facile d’attaquer la vertu d’une femme que la qualité de ses écrits), des diatribes expliquant que telle ou telle autrice n’a forcément pas écrit ses mots mais est le prête-nom d’un homme, aux femmes qui se cachent derrière des pseudonymes d’hommes pour pouvoir écrire… le tableau n’est pas reluisant ! L’essai revient sur ces mécanismes misogynes qui expliquent qu’aujourd’hui encore, on retrouve bien peu d’autrices au programme de l’Education Nationale.

    J’aurais probablement préféré, pour ma part, un peu moins de portraits d’autrices (au bout d’un moment, je l’avoue, je les mélange toutes) et une analyse plus poussée et sociologique des mécanismes d’invisibilisation – on sent que l’auteur est parti de ses portraits pour en tirer des cohérences thématiques, mais il en ressort un aspect un poil fouillis, il y a beaucoup d’aller-retours et le propos se perd légèrement.

    Mais si vous recherchez des références classiques d’écrits féminins, si vous cherchez un matrimoine littéraire, ce livre cite bien des autrices et œuvres qui pourraient vous contenter. On ressent une grande érudition et passion chez l’auteur et l’ensemble reste très intéressant et éclairant.

    L’un des écueils des va-t-en-guerre actuels contre ladite cancel culture est peut-être, dans leur argumentaire, d’omettre qui dans l’Histoire a réellement été victime de ce qu’ils dénoncent : pas celles et ceux de leur camp. Les autrices invisibilisées, elles, portent dans leur histoire ce grain du scandale de l’annulation pure et simple.

    ~~ Always ~~

    #188390
    Schrö-dinger
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    Les flibustiers de la mer chimique, de Marguerite Imbert Ce roman qui vient d’être publié est une immense surprise !

    Je viens de finir cette lecture, et malheureusement pour moi ça n’a pas été une immense surprise … Une moitié de l’intrigue m’a trop fait penser à Mers Mortes d’Aurélie Wellenstein, un homme prisonnier sur un bateau pirate, dirigé par un capitaine excentrique, l’autre moitié m’a rappelé Derniers jours d’un monde oublié de Chris Vuklisevic. Si on ajoute les deux tomes Un éclat de givre et Un reflet de lune d’Estelle Faye, cela commence à faire beaucoup de post-apocalyptique, et à force je trouve qu’il n’y a pas forcément beaucoup d’originalité.

    Je pourrais donc me contenter d’un « c’est pas toi, c’est moi » mais j’avoue que plusieurs points ont aidé au fait que je n’accroche pas beaucoup : j’ai trouvé les chapitres trop long, il ne passe pas grand chose et on est dans le flou la majeure partie du récit ; aussi je ne me suis pas vraiment attaché aux personnages et leur sort ne m’importait pas vraiment … La fin est intéressante mais j’avoue que cela intervient un peu tard pour que je change complètement sur le livre et me dise qu’en fait j’ai adoré !

    Le Kraken à la plage (ah-ouh, cha cha cha)

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