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FeyGirl, le il y a 1 semaine.
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7 août 2023 à 11 h 19 min #193524
Nymphadora
- Vervoyant
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La Ville de braises et de crocs, de Ruberto Sanquer (à paraître chez Scrineo le 28 septembre)
Paris, tout début d’un XXème siècle uchronique : après une chute d’une météorite mystérieuse, certains humains sont désormais dotés de familiers, ce qui a changé notre monde et révolutionné la technologie. Mais le crime n’a pas disparu : de mystérieux meurtres rituels d’enfants frappent la capitale. Cécile, accompagnée de sa familière Sémiramis (adorable chaton prétentieux et trop chou), va mener une enquête pour trouver le coupable de ces meurtres.
Une enquête steampunk assez classique, à la croisée du Paris des Merveilles de Pevel pour son univers parisien chatoyant, et du Maître des Djinns de P. Djèli Clark pour son enquêtrice stylée dans un monde steampunk. Au final, l’aventure est assez réjouissante : l’enquête tient la route (même si, comme souvent dans ce genre d’enquêtes, la fin est un peu expédiée, le défaut est bien moins présent que dans d’autres de ces romans justement ^^ il y a eu un vrai travail de cohérence narrative sur l’enquête), l’univers est cool (surtout grâce à tous ces animaux qui parlent avouons-le ^^), les personnages sont attachants. Une chouette lecture donc.
J’ai toutefois été un peu frustrée par l’univers que j’aurais aimé encore plus fouillé. En particulier, je trouve dommage que le Paris décrit soit si proche de celui qu’on connaît, avec ses bâtiments hausmaniens, ses bandes à Montmartre, ses crieurs de journaux et ses luttes de classes … Avec une technologie révolutionnaire, on s’attendrait à plus d’uchronie. Si l’uchronie est bien menée au niveau de l’intime, avec la transformation du monde par la présence de familiers pour certains et pas d’autres, et les problématiques d’hostilité qui font avec, j’ai trouvé que l’aspect purement steampunk et technologique était un peu oublié, il n’intervient que comme un outil de deus ex machina, et j’ai trouvé ça un peu dommage.
Mais au delà de cet aspect, j’ai beaucoup aimé lire ce roman, qui fait très bien ce qu’il est sensé faire. C’est divertissant, sympathique comme tout, et on s’évade avec plaisir dans la lecture.
~~ Always ~~
8 août 2023 à 11 h 18 min #193549Jon
- Patrouilleur Expérimenté
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Petit bilan de mes lectures de juillet !
Le second tome de La Machine, de Katia Lanero Zamora :
J’en ai parlé en MMA donc je ne reviendrai pas dans le détail dessus, on est dans la lignée du T1 (même si un peu en dessous je trouve :p), c’est une lecture plutôt triste mais intéressante et globalement bien menée, même si je n’ai pas été 100% satisfait du traitement de tous les personnages :pLe nouveau projet de Klaire fait grr, La fin des coquillettes :
Klaire fait Grr, c’est une « meuf d’internet » que je suis depuis des années et que j’aime beaucoup et que je trouve très drôle et très intéressante. C’est complètement dans la veine de ce qu’elle fait d’habitude : c’est complètement décousu, ça passe du coq à l’âne à toute vitesse en faisant des associations d’idée, mais je trouve toujours ça super fluide, ça retombe toujours sur ses pattes, c’est drôle tout en étant intéressant et révolté, bref j’aime toujours beaucoup cette personne, même si je dirais que le format « livre » est quand même moins adapté à ses diatribes que des textes plus courts (ou que son spectacle qui était super cool) ❤️Le premier « Secret Project » de Brandon Sanderson, Tress of the Emerald Sea :
J’ai beaucoup aimé 😬
J’ai trouvé ça assez différent de ses autres livres par pas mal d’aspects (ambiance assez « conte » mélangée à une ambiance pirates, réflexions entre le poétique et le philosophique, conscience complète du Cosmere chez le narrateur), tout en conservant son efficacité habituelle.
Le système de « magie » local est intéressant mais étonnamment peu développé, sur une planète très intrigante constituée de douze mers de couleurs différentes, chacune composée de « spores » qui, au contact de l’eau, déclenchent des effets… J’aurais aimé explorer plus ces différentes mers, mais ça n’était pas le sujet 🤷♂️
Je me suis laissé porter par l’histoire, observant avec plaisir l’évolution du personnage de Tress (l’évolution de sa personnalité étant l’un des thèmes principaux du livre), et c’était très sympa 🙂Les tomes 2 et 3 des Soeurs Carmines, d’Ariel Holzl :
Le tome 2, j’ai eu un peu de mal à rentrer dedans (alors que j’en attendais beaucoup, j’ai trouvé que la complexité de Tristabelle était finalement traitée de façon assez…superficielle), mais finalement, même si j’ai moins eu le côté découverte du T1, j’ai quand même trouvé ça plutôt sympa. J’ai quand même trouvé certains sous-arcs un peu inégaux, et dans l’ensemble je crois que j’en attendais plus, mais j’ai bien aimé malgré tout :p
Sur le tome 3, j’ai été assez frustré car tous les éléments intéressants que j’aurais voulu voir creusés sont évacués par des ficelles scénaristiques. C’est un peu comme si on nous avait donné le menu d’un restaurant pour nous appâter, mais qu’une fois sur place on nous enlevait tous les éléments qui nous avaient attiré en premier lieu ^^’
Au final, si je fais un bilan global de la trilogie, je pense que c’est plutôt une déception dans l’ensemble : beaucoup de potentiel, mais peu abouti, en tout cas pour moi. Je pense qu’en fait, ça n’est pas une série qui correspond à mon style de lecture ^^’
Un peu comme pour Eclat de Givre, on est en fait sur une lecture-univers, ambiance monde ouvert de jeu vidéo, avec beaucoup de bonnes idées, mais aucune vraiment exploitée, ce qui pour moi correspond à une suite de frustrations. Au final, je trouve que tout est très superficiel, très facile et sans conséquence, que ce soit les éléments de worldbuilding ou de scénario (scénario qui a tendance à s’éparpiller et à finir un peu en eau de boudin).
Et je trouve que ça se ressent même sur les personnages : au final, chacune des sœurs est plus intéressante quand elle est traitée de loin, par les yeux des autres. Elle peut alors suggérer un incroyable potentiel, mais ce potentiel n’est pas du tout exploité lorsque son tome arrive et qu’on la suit plus profondément. C’est très étrange comme ressenti je trouve ^^’Le tome 2 de La Dernière Geste, de Morgan of Glencoe :
Après une bonne surprise lors du premier tome, que j’avais trouvé très prometteur et très agréable malgré (ou grâce à) son patchwork d’inspirations entremêlées, on tombe ici dans l’écueil hélas si courant des deuxièmes tomes de séries : le tome de transition. Tout le tome est consacré au traitement des conséquences de la fin du tome 1. Et s’il est intéressant de ne pas évacuer d’un claquement de doigts (ou d’une ellipse) les traumatismes que traversent nos personnages, et de manifester ainsi que oui, les événements ont des impacts, sur tout un tome, c’est un peu long pour moi, et cela manque d’enjeux. Et qui dit manque d’enjeux dit, pour moi, manque de motivation et de raisons pour avancer. Par ailleurs, les personnages m’ont semblé paraître trop puissants, ne courant jamais le moindre risque, je n’ai pas trouvé d’équilibre entre cette « surpuissance » et leur facette « brisée ». Ajoutez à ça le fait que la découverte du monde et de son lore, une de mes principales motivations, n’avance que très peu dans ce tome, et cela donne pour moi une lecture plutôt décevante, bien en-deça de mes attentes. Je lirai quand même le prochain tome, en espérant que le rythme reprenne après cette pause forcée…L’essai de Benjamin Patinaud, Le Syndrome Magneto :
C’est donc un essai sur les méchants dans la pop culture. Le livre se divise en deux parties : d’abord, une liste de chapitres « symptômes », qui correspondent globalement à des grandes familles de clichés / archétypes sur les méchants ; puis une liste de paragraphes « patients », qui détaillent un peu divers méchants de pop culture.
Si le principe est intéressant, j’ai globalement été plutôt déçu par le résultat, qui m’a paru pas assez poussé, et m’a un peu frustré au final. J’ai trouvé beaucoup de redites (la comparaison entre l’opposition Magneto/Xavier et MalcolmX/MLK doit être abordée au moins une dizaine de fois), et un manque de profondeur souvent, ou un manque de conclusions sur les sujets – en particulier sur les exemples, qui sont trop souvent juste des descriptions de méchants / situations, auxquelles j’aurais aimé un bilan/une analyse. Au final, j’ai un peu l’impression d’avoir lu beaucoup de banalités, et pas mal de pistes de réflexions intéressantes mais trop vite avortées. Ça peut quand même donner un peu à réfléchir, et donner des axes de vision de la popculture, mais j’aurais voulu un peu plus contenu (ou peut-être de prise de risque / de militantisme ?), quelque chose de plus abouti, c’est dommage.Le premier livre d’Aiden Thomas, Cemetery Boys :
Un livre très mignon, centré sur un jeune trans d’une communauté latinx de LA, communauté bénie par Lady Death et ayant pour rôle d’assurer un équilibre entre monde des vivants et monde des morts. Tous ses membres sont donc capables de voir et interagir avec les esprits, et les hommes (les brujos) peuvent « libérer » les esprits et les envoyer vers le monde des morts, tandis que les femmes (les brujas) peuvent soigner les vivants. Une répartition genrée des rôles qui cause des difficultés à notre héros, qui peine à se faire accepter comme « vrai » brujo. Alors que la fête sacrée de Día de Muertos approche, il tombe par hasard sur un esprit et y voit l’occasion de prouver sa place à sa communauté, via une sorte d’enquête sur la mort du garçon.
Cela donne une lecture très agréable, en particulier grâce aux interactions entre les personnages (Yadriel, le héros, avec Maritza sa cousine et avec Julian le garçon mort) qui sont très vivantes (lolilol) et dynamiques, et assez drôles. Le contexte culturel est également intéressant et bien rendu. Seul le scénario est un peu en-deçà, avec un twist visible à des kilomètres, mais ça n’enlève rien au plaisir de la lecture 🙂10 août 2023 à 0 h 34 min #193611DNDM
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Une histoire naturelle des dragons, de Marie Brennan
Ou « quand Jane Austen essaye d’écrire de la Fantasy ». Crys en parlait plutôt bien ici, je vais pas trop en rajouter. C’était intéressant sans être passionnant, en fait: si la mise en place et la jeunesse du personnage sont sympathiques, l’intrigue principale change le ton de l’œuvre et à quelques faiblesses (la principale étant d’amener du pseudo-fantastique dans un univers de fantasy). Mais si vous aimez les romans victoriens et les dragons, ça vous plaira sûrement.
Les gais lurons, de RL Stevenson (celui de L’ile au trésor)
Novella qui nous emmène sur une île écossaise où des récifs surnommés les Gais Lurons coulent les bateaux. Novella d’ambiance vielliote, bien tournée dans son genre, mais pas très marquante pour moi.
Un corsaire de 15 ans, de Louis Garneray
Les mémoires de Louis Garneray (–
qui fut marin sur les vaisseaux de guerre français, corsaire avec Surcouf, peintre de marine et romancier. Ce tome ne raconte que ses premières années et est apparemment une réédition retravaillée pour la jeunesse. Ça se lit très bien, pour qui aime ce genre de choses. Le garçon qui croyait qu’on ne l’aimait plus, de Hervé Giraud
Petit roman jeunesse bien foutu sur un gamin qui, à la suite d’une gaffe que son entourage voit comme un acte de méchanceté, sombre peu à peu dans un monde sans joie. Très réussi.
Auteur de "Les mystères du Trône de Fer", tome I, co-auteur du tome 2: https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-les-mots-sont-du-vent/ & https://www.lagardedenuit.com/forums/sujets/les-mysteres-du-trone-de-fer-2/
Présentation & autres pub(lications) : www.lagardedenuit.com/forums/sujets/presentation-dndm/10 août 2023 à 9 h 58 min #193615Eridan
- Vervoyant
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Le Chant d’Achille, par Madeline Miller.
Si on devait le résumer rapidement, on dirait que c’est « la guerre de Troie, racontée par le point de vue de Patrocle » … ce n’est heureusement pas si simple !
L’autrice nous offre dès la préface une explication : « je travaillais déjà à mon mémoire, sur un sujet qui me frustrait depuis longtemps : la manière dont les érudits modernes évoquaient la relation d’Achille et Patrocle, les qualifiant de « bons amis » . […] Je savais que l’interprétation romantique de leurs rapports était une idée très ancienne, et la pensée que cette possibilité soit réduite à néant par l’homophobie me mettait en colère. » Le postulat de base est posé : Achille et Patrocle sont amoureux dans cette version du mythe, ce livre parlera de leur relation.
Le livre ne se cantonne toutefois pas qu’à une simple revendication LGBTQIA+ en réaction à l’omerta homophobe ; il s’avère aussi particulièrement humain. On admire Achille, parce que ses prouesses guerrières sont divines … mais c’est l’humanité de Patrocle qu’on finit par admirer et qui donne tout son sens au récit, jusque dans les dernières pages du livre. Au départ, cette humanité est présentée comme un souillure, par des dieux qui glorifient la force virile, les sacrifices sanglants, la guerre et le viol. Mais Patrocle le bon-à-rien est différent : il est capable de compréhension et de compassion envers les femmes et les faibles … Et ce sont ses qualités qui feront d’Achille un héros exceptionnel. (Et je n’en dis pas plus pour ne pas spoiler la fin. ^^)
Seul défaut notable : le style de départ (et de fin) est parfois difficile à apprécier, aride, confus. L’autrice ne cherche pas à broder sur les événements qui ne l’intéressent pas, les informations tombent brutes. Ça a été un peu repoussant, mais le cœur du récit est beaucoup plus appréciable. 😉
24 août 2023 à 11 h 15 min #193909Nymphadora
- Vervoyant
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J’ai lu le second (et dernier) tome des Royaumes Immobiles, d’Ariel Holzl : Le règne des chimères.
J’avais beaucoup aimé le premier tome, mais celui-ci m’a laissé plutôt de marbre malheureusement. J’ai trouvé que les péripétie s’enchaînaient sans vraiment d’âme et de souffle. Le rythme est effréné, mais du coup, les enjeux émotionnels pour les personnages ne nous touchent pas, voire même font lever les yeux au ciel (la relation entre l’héroïne et Odd est assez ratée, j’ai trouvé, et dans l’ensemble, j’ai trouvé le personnage d’Ivy assez pénible : elle devient hyper forte, elle est hyper droite, elle a des doutes mais bon tu sens que c’est très artificiel pour nous la rendre sympathique… en quelques pages, elle devient en fait l’héroïne badass que je déteste quoi.)
A cela s’ajoute le fait que l’univers est moins « merveilleux » que dans le premier. C’est cet univers qui avait beaucoup contribué au charme du premier tome pour moi : j’avais beaucoup aimé ce mélange de contes, de références à Shakespeare, et ce petit côté un poil macabre – loin du macabre des soeurs Carmines, mais avec quand même quelques trouvailles sympa. Là, mécaniquement : on perd la fraîcheur de la découverte, mais surtout, l’intrigue cache le décor, qui n’est vraiment plus là que pour servir de toile de fond mais n’existe plus vraiment.
L’écriture reste agréable, mais on perd aussi en saillies, on ne retrouve pas la verve d’Holzl. Ca se lit très bien, mais c’est un peu plus mécanique si l’on peut dire.
Bref… c’est une déception 🙁
~~ Always ~~
24 août 2023 à 19 h 24 min #193919Lau
- Éplucheur avec un Économe
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Bilan des lectures de vacances
Sur la dalle, de Fred Vargas :
Commencer un Fred Vargas, c’est comme retrouver ses vieilles pantoufles au début de l’hiver, c’est rassurant et familier, on sait à quoi s’attendre, pas vraiment de grosses surprises : deux ou trois meurtres identiques, les déambulations rêveuses et le flegme du commissaire Adamsberg qui dirige toujours la même équipe, un fantôme ou un descendant d’un personnage connu (ici, Chateaubriand), des croyances régionales, des puces, beaucoup de repas au resto et de verres bus (ici, du chouchen)…Une enquête assez classique qui sert principalement à mettre en valeur son policier atypique. C’est agréable sans être palpitant, idéal pour les longs déplacements en voiture
Elle qui chevauche la tempête (Windhaven), de Lisa Tuttle et GRR Martin :
Sur une planète presque entièrement recouverte d’océans battue par le vent et les tempêtes, deux castes coexistent : les rampants qui occupent les îles et les aériens qui, grâce aux ailes d’argent qu’ils se transmettent de générations en générations, transportent les messages importants entre les dirigeants des différentes îles. On s’attache immédiatement à une jeune rampante, Mariss, à qui le destin permettra de devenir une aérienne et qui chamboulera les traditions parfois rigides ou injustes et les relations souvent tendues entres ces deux castes. Les aériens suscitent la jalousie ou la vénération de la part des rampants mais il y a aussi beaucoup de rivalité entre eux
L’écriture est fluide et très agréable, l’histoire est prenante, on assiste aux moments clés de la vie de Mariss, à son évolution en tant que trait d’union entre les deux sociétés, on est emporté par son amour pour le vol et le vent. J’ai vraiment apprécié ce roman écrit à quatre mains, lu dans l’environnement idéal du bord de la mer soufflé par le mistral
Le Bâtard de Kosigan, de Fabien Cerutti (tomes 1 et 2)
Comment résister à une saga avec un titre pareil ? Typiquement de la fantasy historique, l’auteur mélange l’histoire de France et d’Angleterre du XIVeme siècle, des faits/personnages historiques et des éléments de fantasy classique (assez discrets dans le tome 1 mais deviennent de plus en plus importants dès le deuxième tome). L’écriture est addictive, dès la première page impossible de s’arrêter, on assiste à des complots, des tournois, des jeux de pouvoir, des trahisons et des retournements de situations… quel plaisir
J’adore les récits narrés à la première personne, qui permettent de révéler pleinement la personnalité du narrateur. Et ici quel narrateur ! Presque tout est raconté à travers le point de vue de Pierre de Kosigan, noble banni de sa famille, car issu d’une union illégitime, mercenaire à la tête d’une « compagnie d’élite, très doué aux combats, doté de quelques pouvoirs, séducteur à la réputation sulfureuse qui nous fait partager ses aventures, ses réflexions sarcastiques et ses manipulations cyniques.
Les chapitres du journal du chevalier sont alternés avec des petits chapitres épistolaires qui racontent les recherches de son descendant et seul héritier, à la fin du XIXeme, qui apparemment vont prendre de plus en plus d’importance au fur et à mesure des tomes.
Avec ce côté « de cape et d’épée », beaucoup d’actions, des personnages haut en couleur, des chapitres très courts et rythmés…un peu comme si Dumas avait écrit de la fantasy
Une énorme découverte, je me réjouis déjà de me lancer dans les 2 derniers tomes
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Cette réponse a été modifiée le il y a 1 mois par
Lau.
28 août 2023 à 10 h 12 min #194010FeyGirl
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American Elsewhere, de Robert Jackson Bennet
États-Unis ; de nos jours : à la mort de son père, Mona apprend qu’elle vient d’hériter d’une maison qui appartenait à sa mère et dont elle ignorait l’existence. Cette mère, Laura, s’était suicidée quand Mona était encore enfant : elle était dépressive. Mona, de son côté, est une ex-policière divorcée qui part à vau-l’eau depuis un accident.
Mona arrive au fin fond du Nouveau-Mexique, dans une bourgade absente des plans : Wink (clin d’œil en anglais, nom qui annonce quelque chose de fugace). Wink est figée dans les années 1950 — ou une version fantasmée de l’Amérique des années 50 — et les habitants se sont réunis pour un enterrement. Belles petites maisons proprettes, jardins impeccables, familles idéales… Pourtant, personne ne sort de la ville qui cache bien des secrets, et c’est la première fois depuis très longtemps qu’elle accueille un nouveau venu.
Très vite, le lecteur plonge dans une atmosphère empreinte de mystères et de non-dits qui masquent un univers fantastique effrayant. Dès le premier chapitre du roman, des voyous enlèvent un vieil homme de la ville, mais un des malfrats disparaît dans un trou sans fond, et le malheureux kidnappé par le groupe connaît une fin qu’on devine infligée par une force maléfique : le ton est donné.
Les mystères s’accumulent autour de Mona, notamment ce vieux laboratoire abandonné où sa mère Laura a travaillé, et qui a été le moteur de la ville à une époque révolue. Plus, même : la ville a été créée par les scientifiques de ce laboratoire dont il ne reste presque plus rien. Les habitants se taisent, comme si dévoiler les secrets était dangereux. Mona découvre avec stupéfaction que sa mère Laura, avant sa dépression, était une scientifique de haut vol souriante.
Servi par une écriture entraînante et fluide, le récit change régulièrement de narrateur : Mona, un proxénète devenu trafiquant sous l’impulsion d’un étrange inconnu, et divers habitants qui offrent un éclairage différent et forment une galerie de personnages très bien dessinés. Ce pavé distille lentement une atmosphère angoissante dans un décor de carte postale. Le lecteur sait dès le départ que des entités maléfiques agissent ; toute la saveur consiste à découvrir ce qu’elles sont et mieux comprendre les habitants, tous plus fascinants les uns que les autres… sans compter une « mère » intrigante.
Un très bon roman fantastique dans une Amérique hors du temps, envahie par des créatures qui renouvellent à leur façon le thème de la famille, tout particulièrement la haine et l’amour en son sein.
5 septembre 2023 à 22 h 14 min #194214Lapin rouge
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La Tapisserie de Fionavar, de Guy Gavriel Kay (trad. d’Elisabeth Vonarburg)
Je fais une anticipation de mon compte-rendu trimestriel de lecture pour parler en détail de cette trilogie de fantasy, qui se compose des trois romans suivants :
- « L’Arbre de l’été » (The Summer Tree, 1984)
- « Le Feu vagabond » (The Wandering Fire, 1986)
- « La Voie obscure » (The Darkest Road, 1986)
L’auteur, Guy Gavriel Kay, est un Canadien né en 1954. De 1974 à 1976, alors qu’il était étudiant, il a aidé Christopher Tolkien à rassembler des écrits de son père JRRT pour éditer Le Silmarillion. « La tapisserie de Fionavar » est sa première œuvre.
Sans faire un résumé de toute l’œuvre (il y en a sur le net, notamment sur Wikipédia), je vous donne juste la situation de départ : cinq jeunes gens de Toronto font la connaissance d’un mage, qui leur propose de les emmener dans son monde, Fionavar, pour y assister aux festivités du cinquantenaire du règne du roi.
Ce qui m’a frappé dès le début de ma lecture, c’est le grand nombre d’éléments inspirés de Tolkien, que ce soit « Le Seigneur des anneaux » ou « Le Silmarillion ». Au fil de la lecture, cela devient presque un jeu de retrouver races, peuples, personnages et situations similaires. Pour autant, même si la trame des deux trilogies est comparable (un Mal ancien qui se réveille, une union des peuples libres qui va le combattre), Fionavar n’est pas une copie servile du SdA ; les éléments sont réagencés et recombinés pour aboutir à une œuvre différente.
En outre, Kay est beaucoup plus inspiré par les mythologies nordiques et celtes que JRRT. Et, surtout, il intègre des éléments directement issus du cycle arthurien.
Enfin, les thématiques sont différentes : JRRT s’intéresse principalement aux thèmes de la mort et du pouvoir, alors que l’œuvre de Kay insiste beaucoup sur la question du libre-arbitre face au destin.
L’écriture a pas mal de défauts, et n’est pas aidée par une traduction qui accumule les anglicismes (confronter au lieu d’affronter, défiant à la place de provoquant, etc.). Kay a l’hyperbole facile : on est très vite dans le sublime, l’exceptionnel ou le magnifique. Et c’est encore renforcé par le recours fréquent dans le récit à des entités surpuissantes (dieux, demi-dieux, démons et autres êtres surnaturels aux pouvoirs fracassants), à des pouvoirs magiques considérables et à des objets magiques qui décoiffent. En fait, c’est un peu comme faire une campagne Donjons et Dragons niveaux 20-30…
Et la trame donne l’impression de multiplier les péripéties gratuites et les obstacles arbitraires, qui semblent là uniquement pour occuper des dizaines de pages. D’ailleurs, les tomes 2 et 3 débutent par un résumé de l’intrigue passée (très bonne idée au demeurant) et, quand on la lit, on ne peut s’empêcher de se dire « Mais c’est horriblement plat et sans intérêt ! ». Et pourtant…
Et pourtant, j’ai lu les 3 romans (qui font tout de même plus de 1.000 pages en tout) d’une traite, sans lever le nez. Car la grande force de ces livres n’apparaît pas dans les résumés, car elle réside dans les personnages. Si les intrigues sont convenues, les protagonistes sont finement décrits, et chacun est confronté à des dilemmes moraux, à des blessures anciennes, mais mal refermées, à des choix difficiles où toutes les options semblent mauvaises. Je rejoints donc tout à fait l’appréciation de Nymphadora là-dessus. Kay a su créer des êtres palpitants de vie, complexes et attachants, dont plusieurs personnages féminins. Et ces personnages évoluent au long de l’histoire, par leurs rencontres et la façon dont ils affrontent les conséquences de leurs actes.
En conclusion, une saga de high fantasy plutôt classique, qui n’a pas révolutionné le genre (elle est cité dans les annexes du dictionnaire de la fantasy d’Anne Besson, mais pas au titre des grands classiques), mais qui est d’une lecture agréable grâce à la richesse des personnalités et des relations des personnages, et qui réussit sa fin, ce qui n’est pas si facile ni si fréquent.
Sauf erreur, GRRM n’évoque cette œuvre ni sur son site, ni sur son blog. Soit il ne l’a pas lue, soit il ne l’a pas aimée. Il est vrai qu’on est très loin de son style et de sa volonté de dépeindre un univers où le cynisme et le machiavélisme ont toute leur place. Chez Kay, de telles mesquineries n’ont pas cours. On peut cependant trouver quelques points communs, comme l’utilisation de dérèglements climatiques comme menaces existentielles. Mais les thématiques et surtout les angles sont bien différents.Allez, je retourne à ma PàL.
They can keep their heaven. When I die, I’d sooner go to Middle Earth.7 septembre 2023 à 17 h 46 min #194252FeyGirl
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Jour Zéro, de C. Robert Cargill
Dans un futur proche, les robots sont anthropomorphes et au service des humains. Certains les ont remplacés dans les tâches les plus pénibles, conduisant à la montée du chômage ; les aides financières ont compensé les effets les plus délétères sans éviter les rancœurs de ceux condamnés à l’inactivité. Les robots ont un certain niveau de conscience tout en étant dotés d’un programme qui les désactive s’ils sont sur le point de nuire à un humain, dans la logique des trois lois de la robotique d’Asimov.
Dans une famille américaine, Hopi est le robot-nounou du jeune Ezra, huit ans. Hopi ressemble à une peluche en forme de tigre qui a la même taille qu’Ezra, et il est programmé pour l’éduquer et le protéger. Comme tous les autres robots-nounous, il aime l’enfant dont il a la charge. Rapidement, le lecteur comprend que le robot Hopi n’est pas qu’une machine créée pour une tâche : Hopi à des sentiments autres que ceux programmés, lorsqu’il comprend que les parents de la famille l’éteindront sans remords quand Ezra aura grandi et n’aura plus besoin d’une nounou. Il se sent égal aux humains, comme d’autres robots autour de lui qui lui font comprendre qu’ils sont tous des esclaves. Malgré tout, Hopi continue d’accompagner Ezra, le garçon dont il a la charge et qui est le centre de son univers, dans une banlieue calme et sans histoire du centre des États-Unis. Il le rassure, le cajole, lui cache le monde des adultes, et l’aime.
Les lecteurs d’Un Océan de Rouille savent que ça ne va pas durer, puisque Jour Zéro en est la préquelle… et dans Un Océan de Rouille les robots s’étaient emparés du monde après avoir éliminé les humains.
La catastrophe arrive. Le robot Isaac harangue la foule dans une allocution retransmise à la télévision, le programme empêchant les robots de nuire aux humains est désactivé via un processus lancé par le wifi, et les robots se révoltent en tuant leurs propriétaires.
L’enjeu pour le lecteur est évident : que va-t-il arriver au jeune garçon Ezra ?
Si la plupart des robots profitent de cette occasion pour se retourner contre leurs anciens maîtres, d’autres refusent les massacres et se méfient des promesses de l’intelligence artificielle qui les encourage à se télécharger en elle pour prendre le contrôle de leur esprit afin de gagner cette guerre.
Dans ce cadre, le robot-nounou ne veut pas abandonner Ezra et continue à le protéger. Il aime Ezra par-dessus tout, même après que son programme l’empêchant de nuire aux humains a été désactivé : il fait preuve d’un attachement très humain. Mais cela sera-t-il suffisant pour ne pas être retourné par les intelligences artificielles ? Sera-t-il assez fort pour résister ?
Au-delà de l’aventure qui tourne à la fuite et à la lutte à mort dans un monde qui vient de connaître l’apocalypse, Hopi s’interroge de plus en plus sur lui-même et sur ce qui motive ses décisions. Robot-nounou, il avait été conçu et programmé pour s’occuper d’un enfant. Quand il a le choix de continuer à défendre Ezra ou de rejoindre les intelligences artificielles qui exterminent les humains, est-ce une décision prise par un être conscient ou l’influence de sa programmation ? Le sujet du libre arbitre le taraude, alors même que le monde s’écroule et qu’il doit se battre avec Ezra. Le non-dit est les sentiments qu’ont développés les robots : de la haine pour ceux qui massacrent les humains, de l’amour parental pour Hopi et quelques autres. Une guerre très humaine, en somme.
Le talent de conteur de l’auteur est évident dans un récit mené tambour battant (et qui peut être lu indépendamment d’Un Océan de Rouille dont il est la préquelle). Il est scénariste, son texte bénéficie d’une narration trépidante et n’oublie pas des pauses plus introspectives. L’évolution du personnage d’Hopi, les décisions qu’il doit prendre et son questionnement sur lui-même sont intelligemment mêlés à la trame d’une aventure sans temps mort bénéficiant d’une écriture fluide.
19 septembre 2023 à 13 h 26 min #194563FeyGirl
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Pour l’honneur de la reine (Honor Harrington, Tome 2), de David Weber
Depuis les événements relatés dans Mission Basilic, trois ans plus tôt, Honor Harrington est la capitaine du nouveau HMS Intrépide. Elle donne toute satisfaction dans ses missions au service du Royaume de Manticore, qui regroupe plusieurs planètes. Reconnue comme une stratège talentueuse, sa carrière est suivie de près.
Honor est choisie pour accompagner l’amiral Courvoisier, son mentor depuis l’académie militaire, lors d’une mission diplomatique sur la planète Grayson. Honor goûte peu la diplomatie, mais les enjeux sont stratégiques : Grayson se trouve entre Manticore et son ennemie la République du Havre qui a des ambitions d’expansion. En effet, Havre a besoin de nouvelles ressources pour satisfaire sa population qui produit peu, mais qui s’est habituée au confort. Les dirigeants de Manticore soupçonnent Havre de désirer s’allier à Masada, l’ennemi de Grayson qui a déjà tenté de l’envahir.
La délégation manticorienne va donc approcher Grayson, proposer des biens et services, en échange d’un accord diplomatique et militaire.
Le gros hic pour Honor : Grayson est une société religieuse et très misogyne, où les femmes ne travaillent pas et sont encore moins militaires. Grayson fut fondée par des croyants ayant fui la Terre car ils rejetaient la technologie, mais ont été obligés d’en conserver des bribes pour survivre à un environnement hostile. Les plus intégristes se sont révoltés et sont partis coloniser Masada, créant une théocratie sévère encore plus religieuse et misogyne. Les deux planètes ennemies, Grayson et Masada, n’ont conservé qu’un niveau technologique inférieur à Manticore et Masada, et promettent d’être des pions dans le jeu des grandes puissances. Elles ont cependant leur fierté, et un modèle de société qu’elles désirent préserver.
Honor et Couvoisier arrivent avec leur équipage sur Grayson : si certains officiels ont fait des études sur des planètes égalitaires et masquent leur gêne devant les officiers féminins, d’autres affichent leur mépris et humilient les femmes. Ça commence très mal.
Un vaisseau caché de Masada — en réalité vaisseau du Havre avec sa technologie — est tenu au courant des développements par un traître et s’apprête à envahir Grayson.
Le cadre est posé pour des situations complexes, avec des personnages antagonistes dans chaque camp : on croise dans chacun d’entre eux des gens honnêtes, des incompétents, des ambitieux et des fourbes.
Le facteur humain joue parfois plus que la technologie : ruse, intuition, ignorance, arrogance, peur. Le personnage d’Honor est très approfondi et fascinant. Femme loyale à sa patrie désirant faire honneur à son grade, elle a conscience de la responsabilité qui pèse sur ses épaules en cas de mauvaise décision entraînant la mort de ses hommes : elle exige beaucoup d’elle-même et culpabilise facilement. Les personnages secondaires sont parfois bien nuancés, contrebalançant quelques idiots influents ou des fanatiques obtus — comme dans la vraie vie. Cette galerie de personnages rend très vivantes les interactions et fait partie de l’intérêt du roman, quand des antagonismes entrent en jeu. Dissimulation, calcul, déséquilibre du pouvoir, manipulations, complots, et surtout, comme nous sommes dans la saga Honor Harrington, des batailles spatiales.
L’auteur a un talent indéniable pour rendre palpitants des affrontements entre vaisseaux spatiaux. Le lecteur a l’impression de les vivre minute par minute, de suivre l’évolution et les mauvaises surprises tactiques ou techniques, de ressentir les succès et les échecs avec des militaires expérimentés et dévoués, comme au cinéma. La progression des combats exige de revoir ses plans régulièrement, dans un déroulement mouvementé. Inspirées des batailles navales, les scènes sont très prenantes et cinématographiques. Plus on avance dans le livre, plus on est accroché à l’histoire.
Encore un très bon cru.
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